Jordanie / Partie 4 : de Dana à la Mer Morte
novembre 04, 2021
C'est la tête pleine de bons souvenirs (et une voiture recouverte de sable) que l'on reprend la route vers le nord du pays. On effectue, après deux heures de trajet, un premier arrêt au château de Shobak. Il date du 12ème siècle (1115 précisément !), à l'époque des croisades, et se situe idéalement placé tout en haut d'une montage, à proximité de sources d'eau ayant permis son développement.
Nous visitons les ruines de ce château avec un guide qui nous fait parcourir les différentes pièces, entre églises et cuisines, et nous raconte l'histoire de ce lieu tombé aux mains des musulmans en 1189 après dix-huit mois de siège.
Le site, classé à l'UNESCO, est en restauration et sa visite n'est clairement pas indispensable même s'il permet d'effectuer une petite pause sur la route. Au passage, on aura bien entendu eu droit au fameux thé proposé par le guide (et on commence à ne plus en pouvoir de ce thé 😆).
On reprend ensuite la route pendant 45 minutes pour arriver dans le village de Dana, au cœur de la réserve portant le même nom. Il s'agit de la plus grande réserve naturelle de Jordanie, on y retrouve une végétation et des paysages plus méditerranéens à une altitude dépassant les 1200 mètres.
Plusieurs randonnées et treks sont accessibles, mais la plupart avec un guide. Nous tentons malgré tout de nous lancer sur un sentier depuis le village, mais la fatigue se fait sentir, nous ne nous attardons pas. On est aussi un peu blasés de l'état de propreté général de la réserve (ou tout du moins des environs du village de Dana) : une vraie déchetterie à ciel ouvert (et c'est malheureusement généralisable au pays tout entier). En théorie, l'accès à la réserve est payant, heureusement qu'on ne nous a rien demandé, car payer pour marcher dans une poubelle géante, ça ne nous enchante pas trop...
On file alors vers notre logement, qui ressemble à un mélange entre un camping et une auberge de jeunesse. On profite de la relative faible affluence pour être "surclassé" de la tente vers le logement en dur, plus chaud (il fait "froid" la nuit ici !) et avec une prise qui est la bienvenue pour recharger nos batteries après 48h dans le désert. La douche, bien que froide, fait du bien aussi !
Après un réveil matinal et un petit dej' accompagné d'un...thé (ou plutôt de 3 tasses de thé 😳) on reprend la route. On s'arrête observer quelques points de vue sur cette vallée de Dana qui nous laissera un petit goût amer, on l'aura vraiment survolé faute de temps à y consacrer (et car les excursions avec guide ne sont pas non plus donnés...).
Notre remontée vers le nord continue avec une première halte au château de Karak. Il s'agit là aussi d'un château datant des croisades, qui est en revanche mieux conservé avec notamment de beaux souterrains à explorer.
Malheureusement on ne pourra pas visiter le site en entier car une partie du château est privatisée pour y tourner une épreuve de Pékin Express. Tant pis, on avale un jus de fruit frais dans un bar puis on descend explorer la ville d'Al-Karak située en contrebas ! On arrive à midi dans une ville qui vraisemblablement n'a pas l'habitude de voir des étrangers, ceux-ci ne devant que visiter le château. Les écoliers qui sortent de cours sont surpris et ravis de nous partager leurs quelques mots d'anglais qu'ils connaissent ! Une fois arrivé dans l'hypercentre, c'est l'affluence : un joyeux bordel et des scènes de vie, entre échoppes, marchés, embouteillages. Les habitants sont tous ébahis de nous voir et nous souhaitent la bienvenue, nous demandons d'où on vient avec étonnement. On se dirige vers un petit resto de "street food" pour commander deux excellents sandwichs "légumes/frites/falafels" pour trois fois rien. On se perd dans nos pièces (pas simple de les reconnaître puisque les montants sont indiqués en arabes), on pense se tromper et payer moins cher mais peu importe, l'adolescent qui nous encaisse est tellement ravi de voir des étrangers qu'ils nous remercie et nous laisse partir alors que le compte n'y est pas (on a vérifié plus tard !) !
En mangeant notre petit festin sur un bout de trottoir, un commerçant traverse la rue pour venir nous saluer. Après quelques amabilités et un ajout sur facebook plus tard, il commence à nous montrer des vidéos de propagande sur l'Islam. Des passants s'arrêtent et s'étonnent de la scène, et alors qu'on repart tranquillement il revient offrir à Maëlle un foulard !! Bon, on verra ce qu'on en fait (on a finalement trouvé : il est idéal pour nettoyer la voiture), en attendant la demande d'ajout sur facebook a été refusée 😆
On repart alors pour deux heures de route en passant serpenter au milieu du célèbre "Wadi Mujib". La route est impressionnante et nous fait dégringoler, puis remonter, plusieurs centaines de mètres (900 mètres plus précisément) jusqu'à un barrage.
On profite de ce paysage impressionnant avant de mettre les voiles sur le site d'Umm Er-Rasas. On retrouve sur ce site des ruines (encore !) et, après avoir serpenté entre villas romaines ou églises, on arrive à de splendides mosaïques byzantines, datant de la fin du 8ème siècle, qui font la renommée du site :
On file ensuite vers la ville de Madaba, située non loin de la capitale, où nous passons la soirée. On profite d'avoir une machine à laver pour repartir sur du "neuf", on se balade dans les rues animées de son centre ville (où nous croisons des églises orthodoxes, une particularité de Madaba) et on termine dans un petit resto avant de rentrer nous reposer.
On repart le lendemain à nouveau de bonne heure pour arriver sans trop tarder au Mont Nébo. Il est conseillé d'y arriver tôt pour profiter de la vue et éviter la brume, malheureusement celle-ci est déjà bien présente. On observe tout de même depuis ce mont culminant à 817 mètres la mer morte, située 1200 mètres plus bas, et le paysage parsemé d'oasis et de végétation. On peut voir également la Palestine et notamment la ville de Jericho qui n'est qu'à quelques dizaines de kilomètres.
Ce lieu a une portée particulière pour les croyants, étant aux portes de la "terre sainte" et étant le sanctuaire de Moïse. Alors que les premiers bus de touristes arrivent, on visite l'église et on observe notamment ses mosaïques, étant là aussi particulièrement bien conservées.
Avant de partir, on traverse la route et on s'aventure sur une colline qui nous semble plus intéressante. Une fois arrivés au sommet, la vue est en effet plus belle et plus dégagée sur la mer morte et la Palestine qui se dessine à travers la brume. Drôle de sensation de se dire, avec la Palestine sous nos yeux, que nous sommes à quelques kilomètres d'une zone de tension géopolitique.
Place ensuite à une belle descente en voiture jusqu'à la mer morte. Celle-ci se situe aujourd'hui à -430 mètres environ, ce qui fait de cette mer (ou plutôt de ce lac) le point émergé le plus bas de notre planète. On parcourt sa côte sur plusieurs kilomètres, profitant de quelques points de vue alors que la brume disparaît peu à peu sur le nord, avant de grimper au "Panorama Dead Sea Museum".
De là on bénéficie d'un beau panorama sur la mer morte et ses environs, et on découvre également un petit musée très intéressant sur l'histoire de ce lieu unique. On apprend, entre autres, que sa salinité est de 27.5% contre 2 à 4% pour l'eau de mer classique, ou encore que par le passé des poissons ont pu y vivre mais que désormais seuls quelques organismes microscopiques peuvent s'y développer. Cette mer, ou plus exactement ce lac, est issu de la séparation des plaques arabiques et africaines. Il est alimenté par des sources et, notamment, la rivière du Jourdain faisant office de séparation entre Israël et la Jordanie.
Avec le temps, les apports en eau (via les sources et le jourdain) ont considérablement décliné alors que les températures ont monté. Résultat, le volume d'eau a fondu et la teneur en seul augmentée dans ce dernier. Aujourd'hui, le phénomène s'amplifie par l'activité humaine : la quasi totalité de l'eau du jourdain est déviée pour l'agriculture et les besoins en eau des habitations et hôtels. De l'eau est également récupérée directement de la mer morte et est envoyée, notamment, en Israël via des pipelines. Ce qui créé un cercle vicieux, puisque les hôtels présents sur place, qui contribuent à faire disparaître cette mer, ne fonctionnent que grâce à elle...
A terme, la mer morte (qui a déjà perdu 1/3 de sa superficie depuis 1970, et dont le niveau baisse de 1m50 par an) pourrait disparaître même si des scientifiques pensent qu'elle pourrait atteindre un point d'équilibre, bien plus bas qu'aujourd'hui, en 2400. Des projets de sauvegarde existent, consistant notamment à alimenter en eau la mer morte depuis la mer rouge via des canaux ou pipelines, mais sont actuellement au point mort.
Comme presque tous les voyageurs transitant en Jordanie, nous sommes nous aussi allés nous baigner dans cette mer. Le littoral est parsemé, dans sa partie nord, d'hôtels et de plages privées. Quelques plages publiques existeraient mais seraient dépourvues de douches (indispensables avec la salinité de l'eau), nous sommes donc allés sur la plage de notre hôtel. On a évité de prendre la navette et on a préféré marcher, en courageux que nous sommes, l'énooooorme distance de 500 mètres séparant l'hôtel de la plage (oui oui ils ont mis des navettes pour 500 mètres... et tout le monde les prend !).
Une fois arrivés sur place, la sensation est... indescriptible ! On ressent une eau un peu + "dense", avec un peu + de résistance, quand on marche dedans. Et dès qu'on se laisse "couler", l'effet est immédiat : notre corps remonte tout seul à la surface ! On peut ainsi se laisser porter sur le dos, sur le ventre (en faisant attention aux yeux et à ne pas boire la tasse !) ou même assis, on flotte, sans aucun effort (bon, Maëlle arrive quand même à ne pas tenir en place, c'était bien la seule sur la plage...). Impossible de s'asseoir au fond de l'eau, on remonte tout seul. C'est assez déstabilisant !
En bons touristes, on profitera aussi des bains de boue proposés sur place. Le sel et la boue de la mer morte ont des caractéristiques uniques et sont utilisés en cosmétique mais aussi en médecine pour traiter certains maladies de la peau.
Au coucher de soleil, c'est couvre feu, la plage ferme. On retourne alors à l'hôtel préparer la suite du voyage et manger notre festin dans notre chambre.
Adresses et conseils
(le cours du Dinar Jordanien fluctuant (indexé sur le $), nous préférons indiquer les prix en euro. Au moment de notre séjour, 1 Dinar Jordanien valait environ 1.20€)
- Peu de solutions bon marché pour se loger à Dana. On a logé au "Al Nawatef Camp ECO" situé juste en dehors de la réserve, à 10/15 minutes du village de Dana. On a payé pour une tente avec 2 lits simples pour environ 17€ mais on a pu bénéficier d'une chambre en "dur", plus chaude, avec électricité. Confort très sommaire, mais prix abordable pour le lieu, avec une belle vue sur un canyon et une ambiance auberge de jeunesse, et petit dej' inclus.
- A Madaba nous avons loué sur booking un appartement à environ 24€ la nuit, tout équipé avec notamment une machine à laver, à deux pas du centre. Il s'agit du "Ibn Khaldoon Studio", propre et confortable malgré une douche capricieuse.
- Tous les hôtels sont chers sur la mer morte. On a pris, comme d'habitude, le moins cher disponible sur booking en nous assurant qu'il disposait bien d'une plage : le Ramada, à environ 74€ la nuit (aie aie aie). Hôtel confortable (heureusement vu le prix !), notre meilleure chambre de Jordanie. Piscine sur place, plage pas loin, et autres services auxquels on n'a pas touché (spa, resto, boutique de souvenirs, ...)
- A Dana nous avons mangé à notre campement (il y a peu de solutions dans le coin), un buffet (assez simple) à volonté à environ 8.50€/personne (avec le fameux thé, encore et toujours lui, en seule boisson, à volonté !).
- A Madaba nous avons suivi les conseils du routard en allant manger au "Jaw Zaman" situé dans le centre. Carte classique avec prix très corrects sur les plats, mais exorbitants sur les boissons. On est restés sages et on a mangé une nourriture jordanienne "quelconque" pour environ 8€ par personne.
- Sur la mer morte peu de restaurants en dehors des hôtels (et hors budget !). Le buffet de l'hôtel étant à un prix délirant, on a mangé de superbes nouilles instantanées achetées quelques jours avant à Aqaba en supermarché (on avait bien anticipé !) grâce à la bouilloire de la chambre.
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