Népal / Partie 2 : Le tour des Annapurnas

novembre 26, 2021




Le Tour des Annapurnas

Partir au Népal sans trekker, c'est un peu comme aller en Italie sans manger de pizza ! Le Népal est en effet réputé pour ses innombrables possibilités de trek dans l'Himalaya.
Les deux treks les plus connus, et qui sont parmi les plus accessibles, sont celui du tour des Annapurnas et celui du camp de base de l'Everest. Après de longues hésitations et "débats", nous sommes partis pour ce voyage sur le tour des Annapurnas. Le camp de base de l'Everest sera l'objet de notre prochain voyage au Népal (car nous y reviendrons 😊). 

En + d'être très accessible (ça reste quand même le premier trek de notre vie !), ce trek offre la possibilité de découvrir de multiples paysages, de cultures en terrasses à des décors alpins en passant par des milieux tropicaux, et de parcourir de nombreux villages aux influences multiples (tibétaines, bouddhistes, hindoues). Il se fait également sans aucun soucis en autonomie (sans guide), avec de très nombreux logements disséminés sur le parcours.

Le but de ce trek est de faire... le tour du massif des Annapurnas ! Ce massif se trouve au centre de l'Himalaya et du Népal et compte six principaux sommets dépassant les 7000 mètres d'altitude, dont le principal (l'Annapurna I) qui culmine à 8091 mètres.

La particularité de ce trek est qu'il peut se faire à peu près comme on le souhaite. On peut globalement partir d'où on veut, et s'arrêter où on le souhaite, grâce à une "route" (si on peut appeler ça une route !) rejoignant la quasi entièreté des étapes. Beaucoup de trekkeurs partent comme nous une dizaine de jours, mais les plus motivés peuvent partir sur plusieurs semaines pour réaliser le tour complet en y ajoutant quelques "bonus" ! Il est conseillé de partir trekker entre octobre et décembre ou entre mars et avril. En dehors de ces dates, il y a trop de neige ou - plus embêtant encore - la mousson l'été, qui chaque année entraîne des glissements de terrains.

Dans notre cas, nous avons marché 10 jours, ce qui est déjà bien pour un premier trek. Nous avons fait le choix de réaliser la première partie du tour, à savoir commencer dès la première étape, à Besisahar, à 760 mètres d'altitude, puis de nous arrêter après l'étape "reine" à Muktinath. Nous trouvons valorisant le fait de démarrer dès le début et de gravir pas loin de 5000 mètres d'altitude, jusqu'au Throrong La Pass, le point culminant du trek. Beaucoup de trekkeurs (si ce n'est une majorité) décident en revanche de démarrer à Dharapani, Chame voire Manang, et donc de rater les premières journées de marche.



Pour des raisons de difficulté mais aussi de santé (respect des paliers d'altitude), il est recommandé de réaliser ce trek dans le sens anti-horaire. 99% des trekkeurs font ce choix et on aura croisé que 2 ou 3 fous dans le sens inverse !




Récit

Attention : les dénivelés positifs (D+) et négatifs (D-) indiqués ne sont que des estimations à la baisse. Nous n'avions pas de matériel pour les mesurer et il n'est pas possible de trouver des informations claires à ce sujet. Les "vrais" dénivelés sont en réalité bien plus importants !

Jour 1 (14 novembre) : Besisahar (760m) → Ngadi Lamjung (885m)
3h45 de marche | 14km | 275 D+ | 175 D-

Après avoir quitté Kathmandu pour Pokhara le 12 novembre, et passé dans cette ville un jour et demi de détente (article à venir sur Pokhara !), on démarre notre trek à l'aube par 5h de bus. On arrive à la première étape du trek, Besisahar, autour de 11h30. Là où la plupart des trekkeurs grimpent dans une jeep pour s'avancer sur le parcours, de notre côté on se lance sur nos premiers kilomètres à pied.
Cette première étape est connue pour être guère passionnante car consistant à suivre la piste où se succèdent les jeeps. Néanmoins, dès la sortie de Besisahar, on repère un sentier. Celui-ci ne mènera finalement nulle part : nouveau sentier en cours de création ? Ancien sentier abandonné ? Manque d'entretien suite à la crise sanitaire ? Ou bien nous ne sommes pas doués ? On ne saura pas et on reprendra la piste un peu plus loin avec au final une perte de temps limitée.
Nos premiers 14 kilomètres de marche nous mettent dans l'ambiance : ponts suspendus, verdure, premières cultures en terrasses et villages. On découvre également les joies de marcher sur de longues distances avec plusieurs kilos sur le dos. Les premières douleurs arrivent rapidement et le besoin de mieux régler nos sacs se présente !
Sur cette première journée de marche, on ne croise aucun trekkeur si ce n'est deux américains en VTT.
On dort dans une première lodge sympathique en bord de rivière à Ngadi Lamjung (quelques kilomètres après l'objectif que l'on s'était fixé initialement !), où on découvre une famille népalaise et ses enfants joueurs, ses poules, sa chienne et ses petits chiots à peine nés. Seuls trois autres clients sont présents ce soir là, ils étaient dans notre bus le matin même !





Lodge : Ngadi Lamjung - Riverside Guest House.
Wifi, électricité dans la chambre, très bon accueil par la famille toute entière, y compris le gamin chambreur ! Chambre lit double à 200 NPL, grosse jarre de thé à 650 NPL (on s'est fait un peu avoir à la commande 😏), diner à 1 100 NPL (riz et légumes), petit déj' à 905 NPL (boissons chaudes et pancakes) → 2 855 NPL au total soit environ 10.70€/personne.


Jour 2 (15 novembre) : Ngadi Lamjung (885m) → Chamje (1 335m)
6h50 de marche | 20km | 600 D+ | 200 D-

Superbe journée ! Décors magnifiques dans des forêts "tropicales". On enchaîne les petits villages avec leurs locaux souriants qui nous aident à trouver notre chemin, les ponts suspendus qui mettent le vertige de Thomas à l'épreuve, et les cultures en terrasse, tout en suivant la rivière qui nous accompagnera toute la première semaine de marche. Il fait beau, il fait bon, on poursuit notre route de 4km par rapport à ce qui était planifié à l'origine. On ne croise sur la route, en dehors des locaux, qu'un groupe de deux Néerlandais et d'un Belge avec qui on se suivra pratiquement jusqu'au bout du trek. On dort dans une sympathique lodge où la douche chaude fait du bien ! On est les seuls clients et on partage un peu de temps avec l'hôte super accueillante et sa petite famille sympathique, autour du feu (il commence à faire froid !!). A notre départ, elle nous offre des bananes pour la route. En effet, au dessus de cette altitude, ça ne pousse plus !







Lodge : Chamje - Hôtel Chyamche.
Wifi, électricité dans la chambre, eau chaude, accueil exceptionnel. Chambre lit double à 200 NPL, deux thés pour 130 NPL, diner à 900 NPL (patates et légumes), petit déj' à 930 NPL (boissons chaudes et pancakes) → 2 220 NPL au total soit environ 8.30€/personne.


Jour 3 (16 novembre) : Chamje (1335m) → Danagyu (2200m)
5h45 de marche | 16km | 865 D+ | 0 D-

Débuts compliqués pour Thomas qui est bien embêté par son sac à dos qui présente un soucis... un petit bricolage avec un lacet plus tard pour tenir le tout et ça repart ! Ouf, on a eu peur de l'abandon technique dès le départ... Une journée moins belle que la veille, on marche pas mal sur la route. On sent qu'on commence à bien monter en altitude, les cultures tendent à disparaître, les villages à se raréfier. On doit sur la route éviter de passer par Tal suite à un éboulement de terrain. Le village est en cours de reconstruction et le pont suspendu faisant parti de l'itinéraire officiel n'existe tout simplement plus (on remercie nos "potes" néerlandais pour nous avoir donné le tuyau avant de partir...). On rencontre le premier "checkpoint" où on tamponne nos permis de trek, et on arrive à Danagyu à 15h30, après avoir à nouveau dépassé nos prévisions sur une journée plus sportive que la veille, avec du dénivelé. On dort dans une lodge sympa, avec douche chaude encore et du wifi ! On mange au coin du feu et on commence à avoir sérieusement froid !!






Lodge : Danagyu - Annapurna Hôtel.
Wifi, électricité dans la chambre, eau chaude, électricité dans la chambre. Chambre lit double offerte, diner à 1 030 NPL (soupe et patates), petit déj' à 980 NPL (boissons chaudes, pancakes et pain tibétain, une bonne découverte !) → 2 100 NPL au total soit environ 7.90€/personne.

Jour 4 (17 novembre) : Danagyu (2200m) → Chame (2670m)
4h35 de marche | 11km | 530 D+ | 60 D-

Petite journée de marche avec de beaux paysages. Plus on grimpe (700 marches exactement en début de journée dans la forêt, Maëlle a compté !), plus ça caille ! On croise encore les Néerlandais/Belge sur la route et on rencontre également un couple de Français de plus de 70 ans, et des Israëliens qui ont 68 ans. Respect à eux !! On arrive à 14h à Chame et on a bien les jambes pour aller plus loin, seulement on craint le manque de lodge sur la route par la suite. On préfère assurer le coup et s'arrêter dormir dans ce village qui est un des principaux du trek. On dort dans un "quartier" isolé par un glissement de terrain mais qui reste accessible avec un peu d'escalade ! L'accueil est très... froid dans la lodge, mais la douche est chaude ! On s'occupe au coin du feu en jouant aux dés.








Lodge : Chame - New Tibet Hôtel.
Eau chaude, électricité dans la chambre, réception 4G avec Népal Telecom. Chambre lit double offerte, diner à 1 200 NPL (soupe et riz/légumes), petit déj' à 1 220 NPL (boissons chaudes, muesli et pancake) → 2 420 NPL au total soit environ 9€/personne.

Jour 5 (18 novembre) : Chame (2670m) → Upper Pisang (3300m)
4h15 de marche | 14km | 630 D+ | 0 D-

Une nouvelle journée assez courte, il faut commencer à prendre en compte l'altitude et à ne pas monter trop rapidement pour notre santé. On dépasse les 3000 mètres et on s'arrête dès 13h après une journée assez facile malgré le dénivelé. Les villages commencent à changer radicalement dans leur style, et sont désormais faits de maison toutes en pierres. Il commence également à y avoir un peu de monde sur la route, essentiellement des groupes avec guides et porteurs. On a un peu mal au cœur pour ces hommes qui portent des dizaines de kg sur leur dos. Autant on comprend totalement que des personnes âgées ou avec des problèmes physiques fassent appel à des porteurs, autant on reste perplexe face à ces jeunes qui portent simplement une bouteille d'eau sur eux et laissent un sac énorme à leur porteur. On est fier de tout porter nous même, et on a du mal avec ce principe de l'occidental qui paye un local pour porter ses affaires !! Pour nous, se trimballer nos lourds sacs jusqu'aux sommets des montagnes fait également partie de l'aventure.
On dort dans une superbe lodge avec une vue imprenable sur le massif des Annapurnas, un accueil au top et, le luxe, des WC dans notre chambre ! On découvre aussi le plat incontournable des trekkeurs, le "Dhal Bat" (qui fera un peu mal au bide pendant la nuit...), et on est réveillés en pleine nuit par une véritable tempête. Il commence même à pleuvoir dans notre lit mais heureusement cela ne dure pas.








Lodge : Upper Pisang - Royal Moutain Lodge.
Wifi, électricité dans la chambre, eau chaude, très bon accueil. Chambre lits simples offerte avec vue incroyable, lunch à 800 NPL (soupe, omelette et thé offert), diner à 1 300 NPL (deux dhal bat), petit déj' à 1560 NPL (boissons chaudes et pancakes) → 3 650 NPL au total soit environ 13.70€/personne.


Jour 6 (19 novembre) : Upper Pisang (3300m) → Manang (3520m)
6h de marche | 20km | 630 D+ | 400 D-

Le début de l'étape est réputé pour être "redoutable", nous faisant monter assez rapidement vers les 3800 mètres d'altitude (500 mètres de dénivelé positif sur 1.5km). Néanmoins on le vit très bien et après une belle montée on arrive au sympathique village de Ghyaru. On y rencontre Cyril, un Bordelais avec qui on partagera par la suite du temps ensemble. La deuxième partie de la journée est en revanche difficile pour Maëlle, le rhume s'amplifie et la fatigue n'aide pas. Le sac commence à être bien lourd. On fait beaucoup de pauses jusqu'à l'arrivée à notre objectif de la journée, le village de Braka. Néanmoins, on le trouve "glauque", sans vie, la seule lodge ouverte ne nous emballe pas... on poursuit jusqu'à Manang, 2km plus loin, la "capitale" du trek ! On pose nos sacs à dos pour deux nuits car il faut maintenant faire une journée d'acclimatation pour habituer nos organismes à l'altitude. Les prix commencent à grimper et les commodités, comme l'électricité dans les chambres, à disparaître. Néanmoins on dispose encore de l'eau chaude et du Wifi, qui nous permet de gérer le bordel administratif pour notre prochaine destination. Tâche qui énerve pas mal Thomas !








Lodge : Manang  - Alpine Home.
Wifi, électricité dans les parties communes, eau chaude. Chambre lit double à 500 NPL, diner à 1 170 NPL (soupe, pâtes et dhal bat), petit déj' à 860 NPL (boissons chaudes, toasts et pancake) 
→ 2 530 NPL au total soit environ 9.50€/personne.

Jour 7 (20 novembre) : Manang (3520m) → Montée à 3945m  Manang (3520m)
1h45 de marche | 4,5km | 425 D+ | 425 D-

Très mauvaise surprise avec un réveil sous la brume et la neige. On enfile notre petit déj' commandé pour 7h du matin et on se recouche... Le guide présent dans la lodge nous conseillant de ne pas nous aventurer trop loin avec ce temps incertain. C'est dommage, une très belle journée d'acclimatation était au programme avec un lac perché à 4600 mètres d'altitude. Finalement, on profitera simplement d'une accalmie dans l'après-midi pour grimper à près de 3945 mètres au dessus du village. C'est le principe d'une journée d'acclimatation : monter le plus haut possible et redescendre dormir au même point. L'idée est également de marcher lentement mais surement pour ne pas se fatiguer, et le Yak qui nous précède sur le sentier nous aide bien à respecter ce rythme ! C'est une stratégie fortement recommandée sur des treks en altitude et on suit cette recommandation ainsi que les autres, notamment boire boire et encore boire ! On passe le reste de la journée à profiter une dernière fois du "confort" avant la fin du trek (eau chaude, wifi), à prendre un sympathique goûter dans une boulangerie, et à se reposer au coin du feu.





Lodge : Manang  - Alpine Home.
Wifi, électricité dans les parties communes, eau chaude. Chambre lit double à 500 NPL, diner à 1 170 NPL (soupe et pâtes), petit déj' à 960 NPL (boissons chaudes, toasts et pain tibétain) → 2 630 NPL au total soit environ 9.85€/personne.

Jour 8 (21 novembre) : Manang (3520m) → Ledar  (4200m)
4h de marche | 12km | 680 D+ | 0 D-

Réveil sous un ciel radieux, ouf !!! Petite journée de marche pour ne pas monter trop haut, néanmoins on va un peu plus loin que prévu. On dépasse pour la première fois de notre vie les 4000 mètres d'altitude. Les paysages de haute montagne sont juste magnifiques. Il fait beau, on a même chaud en marchant mais dès que le soleil se couche il faut bien se couvrir. L'étape "reine" approche, on a hâte. Les demies journées de repos dans les lodges commencent à être longues... On partage notre hébergement avec un groupe d'Israëliens assez bruyant et confisquant le feu. Peu de trekkeurs individuels sur le parcours au final à notre étonnement. Le lendemain au réveil, surprise : plus d'eau ! Logique, tout est gelé... On arrive néanmoins à remplir notre gourde sur un champ quelques mètres après la lodge.





Lodge : Ledar - Hôtel Trekkers & Restaurant.
Terminé le confort jusqu'à Muktinath ! Plus d'eau chaude, plus de wifi, plus de réseau, plus d'électricité, mais super accueil au petit soin. Chambre lit double à 500 NPL avec WC intégrés, goûter à 610 NPL (boissons chaudes et pain tibétain), diner à 1 460 NPL (soupe et pâtes), petit déj' à 1270 NPL (boissons chaudes, oeufs, toasts, patates et pancakes ) → 3 730 NPL au total soit environ 14€/personne.

Jour 9 (22 novembre) : Ledar (4200m) → Thorong Phedi (4450m)
2h de marche | 5km | 300 D+ | 50 D-

La plus petite étape, la dernière avant le grand jour !! Très beau temps encore, on mesure notre chance. La marche est dure pour Maëlle qui est très rapidement essoufflée avec l'altitude. Mais rien d'alarmant : pas de mal de tête, pas de nausées, tous les feux sont au vert, l'essoufflement est juste normal, et on dépasse sur le chemin des personnes dans un bien plus mauvais état. On décide de s'arrêter très rapidement à Thorong Phedi, au "camp de base", là où la majorité des trekkeurs s'arrête. On voulait à la base monter au Thorong High Camp à 4800 mètres pour gagner du temps pour le lendemain, mais on prend la sage décision de nous arrêter à 12h, à 4450 mètres. On retrouve Cyril le Bordelais et "Suzan" son guide népalais. On passe l'après-midi et nos repas ensemble à discuter et à jouer aux cartes. On se couche assez tôt (19 heures) dans un froid glacial car le lendemain, c'est le jour J, celui que tout le monde attend, celui pour lequel on fait tous ce trek !!!!




Lodge : Thorong Phedi - Thorong Base Camp Lodge.
Ni électricité, ni eau chaude, ni Wifi/Réseau. Et même pas d'eau tout court !!! Il faut payer pour remplir sa gourde, on trouve ça limite quand on sait que la chose la plus importante à faire à cette altitude est de boire, boire et boire encore et encore. Néanmoins on a réussi à remplir nos gourdes sans qu'on ne nous demande rien... Idem le lendemain matin avec de l'eau chaude récupérée en cuisine. Chambre lits simples à 500 NPL, lunch à 1400 (sandwichs/frites), diner à 1 000 NPL (patates aux légumes), petit déj' à 820 NPL (soupe et toasts) 
→ 3 920 NPL au total soit environ 14.70€/personne.


Jour 10 (23 novembre) : Thorung Phedi (4450m) → Thorong La Pass (5416m)  Muktinath (3670m)

8h45 de marche | 14km | 1000 D+ | 1780 D-

3 heures du matin, le réveil sonne : voilà, on y est, c'est le grand jour. Le Népal fait depuis longtemps parti des pays que l'on attend le +, et ce jour en particulier est LE jour que l'on attendait le + : le jour J, celui de l'étape "reine" du trek, l'étape que tout le monde attend et redoute en même temps, l'étape qui consiste à grimper au point culminant du parcours, à 5416 mètres au dessus du niveau de la mer, au Thorong La Pass, qui serait LE col parcouru à pied le plus haut du monde ! Rien que ça !
Après avoir enfilé notre petit déj' avec 30 minutes de retard, on se joint à Cyril et son guide Suzan pour former un petit groupe de 4 et on attaque ensemble la montée à la frontale, dans une température polaire. Il fait nuit et on repère les différents groupes dans les lacets avec leurs lampes. On avance à une vitesse faible mais constante sous l'impulsion de Suzan et on arrive sans réelle difficulté au Thorong High Camp dans les temps, au bout d'une heure quinze d'ascension, à plus de 4800 mètres. On y prend un thé bien chaud, à l'altitude du Mont Blanc, et on repart vers notre objectif alors que le soleil se lève. Passé 4800 mètres, les premiers abandons arrivent, notamment l'Israëlienne de 68 ans rencontrée en début de trek. Ceux qui abandonnent sont alors pris en charge et mis sur des chevaux avec lesquels ils iront tout de même au bout du chemin. Passé les 5100 mètres, on "abandonne" Cyril qui fatigue et Suzan, et on progresse lentement mais surement, en enchaînant les petites pauses. On marche dans de bonnes épaisseurs de neige, bien aidés par nos bâtons. On est contents car on "digère" très bien l'altitude. Thomas n'a rien ressenti jusqu'aux 5100 mètres, se sentant même prêt à courir un marathon. Passé les 5100m, on respire fort, on s'essouffle assez rapidement, mais en marchant lentement on arrive enfin au moment tant attendu autour de 10 heures : le Thorong La Pass ! On y est, on est heureux et fier, Maëlle lâche même quelques larmes. On attend Cyril et Suzan, on profite du moment, on fait les photos qui vont bien, on savoure un thé. On l'a fait !!! 
Il faut ensuite redescendre et là c'est le grand écart niveau émotions : la descente est longue, longue, longue, interminable. On se mange 1780 mètres de dénivelé négatif, on n'en voit pas le bout. Nos crampons nous aident bien pour négocier les premières centaines de mètres sur de la neige gelée. Le paysage change radicalement alors que l'on arrive dans le Mustang. C'est désertique, répétitif, on se demande si on est réellement sur le bon chemin tellement on a l'impression de ne pas avancer. Maintenant que le Thorong La Pass est derrière nous la motivation a clairement disparu. On décide d'arrêter le trek dès ce soir (on pensait initialement poursuivre d'une journée), on a la flemme de rempiler pour 20 km de descente le lendemain encore. Maëlle n'a également plus les épaules pour porter davantage son sac. On a réussi à faire ce que l'on voulait, on a bien profité, on dit stop ! On passe notre dernière soirée en lodge à Muktinath à retrouver un peu de confort, de l'eau chaude, du wifi, de l'électricité, les souvenirs plein la tête !!












Lodge : Muktinath - Hôtel Bob Marley
Réception 4G, wifi, électricité dans les parties communes, eau chaude. Chambre lits simples offertes, goûter à 650 NPL (boissons chaudes), diner à 1 750 NPL (pâtes et burger de yak), petit déj' à 930 NPL (boissons chaudes, pancake et pain tibétain) 
→ 2 855 NPL au total soit environ 12.50€/personne.


Jour 11 (24 novembre) : Muktinath (3670m) → Pokhara (822m)

12h de bus pour 180km !!

La journée la plus longue du voyage jusque là... 12 heures de bus pour 180 kilomètres : tout est résumé  ! 
C'est avec ce genre de journée que l'on relativise et mesure notre chance de vivre en occident. Ici, la route n'en est pas une, c'est une piste, qui doit être continuellement refaite à coups de tracteurs suite aux glissements de terrain fréquents. On en a fait l'expérience avec une petite pause improvisée de 30 minutes, avec devant nous un tracteur en pleine action, et quelques dizaines de mètres plus bas un autre renversé dans la rivière !
Ici, le bus dispose de 40 sièges mais nous voyageons à plus de 60. Chaque place est optimisée et tant pis s'il faut voyager 12 heures debout.


Pas de suspensions, ça secoue dans tous les sens, ça s'arrête tous les 20 mètres pour charger/décharger des marchandises, ça frôle le vide, ça passe à deux bus de front sur quelques mètres de largeur avec le précipice d'un côté et la falaise de l'autre.
Et que dire de ce chauffeur qui, une fois arrivé à Pokhara après 12 heures de bus sans réelle pause, enchaîne directement par 8 heures direction Kathmandu, de nuit, sur une route à peine meilleure.
Enfin, mention spéciale également au salarié dont le boulot est de servir de "rétroviseur humain" pour vérifier si ça passe, quitte à devoir sortir et se mettre en danger au bord du vide ou entre deux véhicules !

Bref, la route Kathmandu > Pokhara c'était déjà quelque chose, mais là on a vécu un autre niveau !

Une petite vidéo, qui n'est pas de nous, pour avoir un aperçu :



Bilan

Pour résumer, on n'a pas été déçu. On attendait beaucoup de ce trek, on nous avait vendu un trek complet, aux paysages variés, et ce fut bien le cas. On craignait un peu le mal de l'altitude, mais tout s'est bien passé ce qui nous rassure pour la suite du voyage en Amérique latine (juste un très léger mal de tête pour l'un et l'autre, qui n'a pas duré, à partir des 3 500 mètres).
Nous ne sommes pas de grands sportifs mais nous avons clairement trouvé ce trek "facile". En dehors du froid, de l'altitude et du manque de confort, c'est un réel plaisir. Aucune difficulté technique sur le sentier, chaque étape prise indépendamment n'est guère plus difficile à notre sens qu'une journée de marche dans les Pyrénées.
On a été un peu déçu, ou tout du moins surpris, par le niveau d'indications et d'entretien sur les sentiers. On s'attendait à autre chose pour l'auto-proclamé "plus beau trek du monde", mais au final très peu de panneaux indiquant les distances entre chaque village, les altitudes, des marquages effacés, des ponts suspendus effondrés sans avertissement au préalable (on aurait perdu 10km à Tal si on ne nous avait pas prévenu !). Aussi surpris et déçus de l'absence complète d'eau potable mise à disposition. Il faut attendre les étapes après Chame pour commencer à pouvoir acheter de l'eau traitée. On a pu comparer avec Cyril, et notre gourde filtrante (50€) a été rentabilisée rien que sur ces 10 jours, en profitant des cascades et rivières !
On mesure notre chance d'avoir fait ce trek pendant la pandémie car nous avons été seuls au monde avec les locaux un bon bout de temps ! D'après Suzan, les checkpoints n'auraient compté qu'une quarantaine de passages par jour contre 500 habituellement...
En bref, on a adoré et on a trouvé ce trek facile et accessible pour n'importe qui avec une bonne condition physique. Avec un peu + de budget, et l'envie, on peut prendre un guide pour en apprendre plus sur les villages et paysages que l'on traverse.
On reviendra dans quelques années nous attaquer à un autre trek dans ce beau pays !!

2 commentaire(s)

  1. C est chouette de revoir ce trek à travers vos photos et descriptions!! Nous l avons fait en 2003, le tour complet, à l époque pas de pistes, en 3semaines. Nous avions adoré, tant les paysages que les belles rencontres locales.
    Votre blog est agréable, merci et bonne route !

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