Guatemala / Partie 1 : Aprender Español en San Pedro La Laguna !
janvier 30, 2022Il y a des expériences qui marquent un voyage et même une vie, et celle-ci en fera à coup sûr partie ! Nous étions venus à San Pedro La Laguna, dans la terre des Mayas, pour réapprendre et pratiquer l'Espagnol, et nous repartons avec infiniment plus !
Difficile de résumer facilement nos onze journées le long du lac Atitlan, perché à 1600 mètres d'altitude à trois heures de la capitale du Guatemala. On va faire de notre mieux 😊
(et le rendez-vous est déjà pris pour un retour au lac de quelques jours en février...)
L'école Community Spanish School
Le village de San Pedro et ses 15 000 habitants est connu pour les nombreuses écoles d'Espagnol qui y résident. Plusieurs milliers de "voyageurs longue durée" profitent de leur séjour en Amérique Latine pour venir y apprendre les bases, ou se remettre à niveau. Certains "étudiants", comme on nous appelle ici dans le village, viennent même de l'autre bout du monde exclusivement pour suivre des cours !
Il nous tenait à cœur de démarrer nos quatre mois en Amérique Latine par une grosse remise à niveau, l'anglais étant assez peu parlé sur le continent. C'est donc sans originalité que nous avons atterri à San Pedro La Laguna après cinq heures de vol depuis New York, trois heures de taxi avec notre super chauffeur Sergio depuis l'aéroport de la capitale, Guatemala City, et une bonne heure de "lancha" pour traverser le lac depuis Panajachel.
Concernant le choix de l'école, nous n'avons pas hésité longtemps avant de nous tourner vers une école proposant plus que de simples cours d'Espagnol. Mais aussi un logement au sein d'une famille de locaux, et des activités pour découvrir la culture locale. C'est finalement un peu au "hasard", et suivant de très bons avis sur internet, que nous sommes partis sur la Community Spanish School !
Ce qui s'est finalement avéré être un très bon choix 😋
Nous avons décidé de suivre quatre heures de cours par jour, les matins de 8h à 12h, pour garder du temps libre l'après-midi pour découvrir les environs. Nous sommes partis sur des cours en duo avec un professeur particulier, notre niveau étant globalement le même : très mauvais car n'ayant pratiquement pas pratiqué depuis le lycée 😂
Lee cours ayant lieu du lundi au vendredi, on a pu bénéficier de sept sessions assez denses qui nous ont permis de bien progresser et de nous sentir désormais plutôt à l'aise pour voyager dans le continent ces prochains mois 💪
Loin du format très scolaire de nos collèges et lycées, nous avons ici surtout pratiqué avec notre super prof Lety ! Parler, parler, parler, c'est comme ça que l'on progresse quitte à ne commencer les leçons et les corrections d'exercices qu'à 9h45 😅 Ce fut aussi l'occasion de connaître davantage notre formidable prof, d'échanger avec elle sur nos cultures, nos histoires, d'en comprendre davantage sur le Guatemala, et de mesurer notre chance d'être nés et de vivre en Europe.
D'un point de vue plus scolaire, après un rapide "test" de nos niveaux respectifs, l'accent a été mis sur le vocabulaire essentiel, le présent et le passé. On avait également quelques exercices à faire l'après-midi pour mettre en pratique les connaissances acquises le matin.
Chacun peut demander à orienter son programme suivant ses attentes, mais de notre côté c'était relativement simple : être capable de nous exprimer et de comprendre les autres !
Le cadre de l'école est assez incroyable puisque les cours se font en extérieur à quelques mètres du lac. L'école se situe non loin du ponton sur la rue appelée par les locaux "gringolanda" : bars à occidentaux, restos, magasins de souvenirs, agences de voyage,... Pas notre rue préférée, mais à même pas dix minutes à pied de notre maison située dans le "vrai" village, sur les hauteurs.
Lors de notre passage, l'école était en train de préparer son déménagement vers un nouveau site plus grand, plus moderne, situé dans un cadre encore plus beau, un peu plus loin du centre-ville. Pour la petite histoire, si l'école a acheté les terres il y a quatre ans (aujourd'hui les locaux actuels sont loués), c'est "grâce" au COVID que le projet de construction de la nouvelle école a pu être lancé. Une poignée d'étudiants, restés se confiner à San Pedro au lieu de rentrer s'enfermer chez eux en Europe ou aux Etats Unis, a décidé d'investir les terres de la nouvelle école pour y faire pousser... un potager, manquant d'argent pour faire les courses pour se nourrir ! Profitant de leur temps libre, ils se sont au passage lancés petit à petit dans la construction des nouveaux bâtiments.
Si le pays, comme tous les pays du monde, a été fortement affecté par le COVID, le tourisme est toutefois resté à un niveau correct, le Guatemala faisant partie des rares pays à n'avoir pratiquement jamais fermé ses portes. L'école a continué à fonctionner quelques temps avec des cours à distance via Skype, et l'activité est désormais bien repartie 😉
Community Spanish School, c'est plusieurs centaines d'étudiants qui viennent du monde entier chaque année, mais c'est aussi bien plus que ça.
Cette école est née il y a maintenant neuf ans, sous la forme d'une "coopérative" fondée par des professeurs étant auparavant sous-payés (à peine un euro de l'heure) dans leurs écoles respectives. Le but de cette école est d'aller plus loin que le simple apprentissage de la langue, en faisant découvrir l'histoire et la culture locale aux étudiants, et en faisant tourner toute une économie locale.
C'est ainsi la première école du village à avoir lancé l'option de "homestay", à savoir suivre les cours à l'école et vivre dans une famille de locaux avec qui on partage des repas et des moments conviviaux. Par la suite, et grâce au succès de cette offre, la plupart des écoles de San Pedro ont suivi, et ce sont désormais 200 familles du village qui accueillent des étudiants et vivent de ce travail !
Community Spanish School, c'est aussi associer des exploitations de miel, de café, ou encore d'herbes médicinales du village ou des environs pour proposer des visites guidées, et sensibiliser les étudiants aux activités qui font tourner l'économie du lac. On a ainsi pu participer à trois activités avec l'école : visiter dans le village voisin de San Juan une exploitation de miel (une des productions du lac), et comprendre tous les usages qui en sont fait (du miel alimentaire à des médicaments) ; visiter une production de plantes médicinales, encore utilisées aujourd'hui par la médecine maya qui reste très influente, ce qui pose parfois problème ; ou enfin faire un tour dans San Pedro pour en apprendre davantage sur le village, son histoire, sa culture, ses productions, ou sa population.
Ce sont également, avec Community Spanish School, des projets pour nettoyer le lac qui sont en train d'être lancés. La pollution du lac est un véritable problème, entre un manque de sensibilisation au traitement des déchets, ou aux eaux usées qui ne sont aujourd'hui traitées correctement qu'à San Pedro. Les autres villages les relâchant dans le lac.
Enfin, Community Spanish School, c'est apporter une aide concrète aux plus défavorisés de San Pedro. Quand on s'inscrit à l'école, outre les frais pour payer les salaires des professeurs et la pension complète à la famille, on donne un montant de 15 dollars par étudiant qui est utilisé pour fournir une bourse à un enfant défavorisé, afin que celui-ci puisse aller à ce qui est au Guatemala l'équivalent du lycée. Car nous étions sur place au moment de la rentrée scolaire, nous avons eu la chance de pouvoir rencontrer cette quinzaine d'enfants à l'école afin de leur donner des cahiers, stylos ou encore calculatrices pour la nouvelle année.
Bref, vous l'aurez compris, cette école, c'est bien plus que des cours ! Et c'est ce qui nous a particulièrement plu, nous la recommandons sans hésiter 👍
Mais notre séjour à San Pedro, c'était bien plus que ça...
Chez Vila, Julio, Selvin et Juan (et Hatchi !)
Car au lieu de dormir dans un hôtel, nous avons souhaité vivre dans une famille de Guatémaltèques, afin de pratiquer au maximum la langue mais aussi et surtout pour découvrir la vie, la culture, l'histoire locale.
Et nous avons eu l'immense chance de débarquer dans une famille incroyable. Entre la fatigue du voyage, du décalage horaire, et notre très faible niveau en espagnol, les tous premiers jours n'ont pas été les plus "intéressants" pour notre famille ou pour nous même. Cependant, on a rapidement été mis en confiance et on a pu nouer de forts liens avec cette famille très spéciale.
On ne peut pas comparer avec les autres familles du village accueillant des étudiants puisqu'on ne les connait pas, mais cette famille nous a vraiment marqué.
Que ce soit d'abord la "mama", celle qu'on a pu rencontrer en premier, Vila, 38 ans.
Une jeunesse pas simple, dans une famille modeste, avec la perte de sa mère a à peine onze ans. Elle a dû s'occuper de sa fratrie de cinq frères et sœurs et de son père, mais elle s'est accrochée, et a trouvé en ce travail de famille d'accueil une véritable opportunité : celle de pouvoir travailler de chez elle, pour pouvoir s'occuper au mieux de ses enfants. Celle également de pouvoir rencontrer des voyageurs du monde entier, et ainsi voyager à travers eux.
Lors d'une de nos nombreuses discussions, Vila nous a confié avoir pour rêve de pouvoir voyager un jour, de pouvoir quitter ne serait-ce qu'une fois San Pedro. Nous espérons de tout cœur qu'elle pourra, elle qui s'est occupée de nous pendant onze jours, et nous a fait découvrir la cuisine guatémaltèque. En réalité, très peu de Guatémaltèques peuvent, pour des raisons financières, partir en vacances, ne serait-ce qu'à l'intérieur du pays. Les congés sont ici surtout faits pour se reposer, et amener si possible les enfants profiter de piscines, par exemple, deux ou trois jours maximum par... an !
La vie n'est pas facile au quotidien pour Vila, mais elle se satisfait de ce qu'elle a, est heureuse et fière d'avoir ses enfants auprès d'elle. La religion est également importante pour elle, ou plutôt surtout son église qui est un lieu de rencontre important pour les femmes du village.
Il y a aussi Julio, 43 ans, son époux. Vila nous a raconté qu'il avait pas mal galéré à la séduire, mais ils forment aujourd'hui un magnifique couple ! Julio nous a impressionné par sa force, sa volonté, son courage. Que ce soit dans son passé, un passé pas simple comme beaucoup de guatémaltèques, en particulier pour les mayas comme lui qui subissent de nombreuses discriminations... A même pas la vingtaine, il a dû faire face comme tous ses amis à trois choix : s'exiler illégalement aux Etats-Unis, comme nombre de ses amis ; faire un boulot "de mierda" comme il le dit, en étant désolé ; ou partir étudier à l'université, à la ville, au prix de sacrifices conséquents. Il a ainsi enchaîné cinq années à étudier la psychologie la semaine, l'anglais le weekend, et à travailler tôt le matin et tard le soir... Cinq années à dormir trois heures par nuit, loin de ses proches, qui lui permettent désormais d'avoir une situation relativement correcte pour assurer une vie assez confortable à sa famille, et un futur à ses enfants.
Aujourd'hui, Julio est professeur d'anglais à l'école publique. Il aime penser que l'avenir de son pays réside en l'éducation. Il est également professeur d'espagnol à la Community Spanish School, dont il est un des membres fondateurs, pendant les vacances scolaires pour pouvoir gagner plus d'argent pour ses enfants. On a passé de très bons moments à discuter avec lui autour d'une bière, de nos pays respectifs, de la difficulté à vivre au Guatemala pour un maya, de ses espoirs pour l'avenir, de ses craintes. On lui a aussi appris beaucoup sur les conditions de vie en France, et on l'a même un peu "choqué" quand on lui a expliqué le principe d'école et d'université publique, et des bourses étudiantes dans notre pays... Des échanges très riches dont on se rappellera très longtemps.
Des échanges également complémentaires à ceux eu avec notre professeure Lety, qui résonnent en nous et nous font nous rendre compte que nous avons tellement de chance chez nous en France...
Malheureusement, on n'aura relativement peu vu Julio sur la deuxième partie de notre séjour, car il devait travailler pratiquement jour et nuit pour terminer les travaux des nouveaux locaux de l'école d'espagnol, tout en préparant la rentrée scolaire à l'école publique...
Aujourd'hui, Julio est professeur d'anglais à l'école publique. Il aime penser que l'avenir de son pays réside en l'éducation. Il est également professeur d'espagnol à la Community Spanish School, dont il est un des membres fondateurs, pendant les vacances scolaires pour pouvoir gagner plus d'argent pour ses enfants. On a passé de très bons moments à discuter avec lui autour d'une bière, de nos pays respectifs, de la difficulté à vivre au Guatemala pour un maya, de ses espoirs pour l'avenir, de ses craintes. On lui a aussi appris beaucoup sur les conditions de vie en France, et on l'a même un peu "choqué" quand on lui a expliqué le principe d'école et d'université publique, et des bourses étudiantes dans notre pays... Des échanges très riches dont on se rappellera très longtemps.
Des échanges également complémentaires à ceux eu avec notre professeure Lety, qui résonnent en nous et nous font nous rendre compte que nous avons tellement de chance chez nous en France...
Malheureusement, on n'aura relativement peu vu Julio sur la deuxième partie de notre séjour, car il devait travailler pratiquement jour et nuit pour terminer les travaux des nouveaux locaux de l'école d'espagnol, tout en préparant la rentrée scolaire à l'école publique...
Il y a aussi les enfants, et quels enfants !
Il y a d'abord Selvin, 15 ans. On se demande comment un gamin peut être aussi parfait... On vous laisse juger, en vrac :
- Premier de sa classe, comme l'illustrent les nombreuses médailles qu'il a à la maison, il se lance dans des études de médecine. Pourquoi ? Car San Pedro manque de "vrais médecins", ici il y a surtout des infirmiers ou des thérapies maya à base de plantes plus ou moins sérieuses... Selvin veut palier à cela, et veut apporter au village les services d'un vrai médecin. Il a aussi eu un grave accident de vélo il y a peu, et a dû subir une opération très chère pour sa famille (les hôpitaux publics étant bondés de patients covid, ils ont dû se rabattre vers le privé). Il souhaite devenir médecin pour, comme il le dit, "comprendre" ce qu'il s'est passé !Il doit désormais partir étudier de l'autre côté du lac à 30 minutes de bateau, mais pour le plus grand bonheur de Vila, les cours ont actuellement lieu en ligne grâce au covid ! Néanmoins, dans deux ans, il devra aller étudier à la ville de Xela à trois heures de route ;- Selvin est aussi un champion d'échecs ! Deuxième meilleur joueur du village ;- Selvin joue du piano comme un chef !- Selvin parle bien anglais, et comprend un peu le Français ;- Selvin occupe son temps libre à aider au maximum sa mère dans ses tâches, et à s'occuper de son frère ;- Le soir Selvin n'hésite pas à aller aider son père sur le chantier de la nouvelle école ;- Selvin est aussi responsable d'activités pour des enfants à l'église du coin !- Enfin, Selvin en connaît limite plus que nous sur certains sujets concernant la France ou Paris !!
Bref, Selvin cumule et s'approche de la perfection ! Il n'en reste pas moins très fun, toujours prêt à jouer, à parler football ou à faire des blagues 😀
Enfin, il y a le petit dernier, le trouble-fête, Juan, 11 ans. Un vrai phénomène, toujours à chercher la moindre blague, la moindre bêtise à faire. Juan, c'est aussi un super copain pour apprendre à écouter l'espagnol tellement il parle vite (et beaucoup, beaucoup, beaucoup), contrairement à son frère et ses parents qui ont pris l'habitude de parler lentement avec les étudiants.
Au-delà de sa folie et ses goûts douteux (comme mettre du ketchup sur du fromage), c'est aussi un gamin sacrément intelligent et mature pour son âge. Sixième meilleur joueur d'échecs du village, il pratique avec brio la batterie depuis quatre ans !
On aura sacrément rigolé avec ce petit.
Il y a également le petit Hatchi, 8 mois. Un chaton assez étonnant, tellement il se laisse manipuler dans tous les sens. Il a élu domicile sur notre lit pendant notre séjour !
Outre les repas où la famille n'était pas toujours présente en entier (entre les cours de Selvin, le travail de Julio, ou certaines contraintes comme des rendez-vous à l'Eglise pour Juan et Vila), on a pu passer du bon temps en jouant aux cartes, en écoutant les gamins faire de la musique, en se baladant ou en jouant le long du lac...
Des moments également partagés avec Florian et Audrey, deux Toulousains arrivés peu de temps après nous (qui ont pris le relais de deux Allemandes) et qui prévoient d'étudier l'Espagnol et de séjourner plusieurs semaines à San Pedro ! (les chanceux !).
C'est une vraie belle famille que l'on a quitté le cœur serré !! Et avec quelques larmes chez Vila et Juan ! On se souviendra longtemps en particulier des toutes dernières soirées à la maison, à écouter les enfants jouer de la musique, à cuisiner avec les Toulousains pour la famille de bonnes crêpes tout en chantant et dansant sur de la musique française avec Juan, ou encore lors de l'inauguration des nouveaux locaux de l'école la dernière soirée quand toutes les familles étaient depuis longtemps rentrées chez elles !
Le Guatemala, le lac, et San Pedro
Le lac Atitlan, du haut de ses 1600 mètres d'altitude, est le plus profond lac d'Amérique Centrale (jusqu'à 350 mètres de profondeur). Il s'est formé au creux de trois volcans.
De nombreux villages bordent le lac et sont encore marqués par la culture Maya. Les principaux sont Panajachel (le principal accès depuis la capitale, et le village le plus développé), Santiago La Laguna, San Pedro La Laguna, San Juan La Laguna, San Pablo La Laguna ou encore San Marcos La Laguna.
"La Laguna", car oui chaque village s'appelle San XXXX La Laguna (à l'exception de Panajachel). Pourquoi "La Laguna" alors que le lac n'est pas une lagune, mais un lac ? D'après un professeur de notre école, ce sont les conquistadors espagnols qui se sont simplement trompés quand ils sont venus renommer tous les villages qui portaient auparavant des noms mayas !!
Chaque village a sa propre histoire, sa propre culture, et même sa propre langue, ou à minima son propre dialecte ! La langue Maya est encore bien pratiquée notamment chez les plus anciens. Par exemple, Vila parle Maya avec son père (qui habite la maison mitoyenne), les autres femmes du village, et essaie de faire encore pratiquer un peu ses enfants pour que cela ne se perde pas. Et en réalité, quand on parle de langue Maya, il n'y en a en réalité pas qu'une seule, mais 23 différentes rien qu'au Guatemala !!! Dont quatre différentes rien qu'autour du lac Atitlan ! Et comme rien n'est simple, dans une même langue Maya, certains mots peuvent avoir des sens totalement différents entre deux villages du lac qui ne sont qu'à 1km l'un de l'autre (comme San Pedro et San Juan) !!!
En réalité, quand on vit à San Pedro, on n'a pas réellement l'impression de vivre au lac Atitlan ou encore moins au Guatemala : on vit avant tout à San Pedro La Laguna ! Et il est ici presque impensable de quitter son village et sa famille, ne serait-ce que pour aller vivre à quelques kilomètres !
Pendant notre séjour autour du lac, nous avons profité de séjourner à San Pedro pour visiter les villages voisins de San Juan, San Pablo et San Marcos (une petite marche de 12km permet de les relier facilement).
On a pu également profiter de notre passage en cette fin janvier pour assister aux ferias de San Pablo. Chaque village fête chaque année le "saint" qui a donné le nom au village : des centaines (milliers ?) de pétards toute la journée et toute la nuit, des marchés, fêtes foraines, danses traditionnelles, .... et ce pendant deux semaines !!
On a pu forcément visiter San Pedro dans tous ses recoins ! Une bonne surprise, car le village est souvent dépeint négativement car il serait trop touristique. En réalité, en dehors des environs de l'embarcadère principal qui sont inintéressants, le reste du village est très sympathique et dynamique, entre ses petites ruelles, ses escaliers, son marché, son parc, ses miradors et ses berges et plages.
Chaque village a sa propre identité. A San Pedro, on cultive ainsi beaucoup le mais (pour les fameuses tortillas que Thomas adore !), mais aussi les avocats ou le café. Quelques plantations de bananes et de végétaux complètent la production du village.
Monsanto a essayé mais n'a pas réussi à s'implanter ici, car la contestation a été très forte.
A San Pedro, le football est une religion avec deux équipes professionnelles et des dizaines de clubs amateurs. Selvin et Juan, fan de foot, vont ainsi régulièrement au stade le dimanche.
On compte beaucoup d'églises dans ce village, une vingtaine d'églises évangélistes (l'église dominante ici) et une catholique. Néanmoins, les croyances ancestrales restent fortement ancrées dans ce village où 90% de la population est maya. Les locaux croient davantage à l'existence de plusieurs dieux (un dieu pour la pluie, un pour le lac, un pour le vent, ...) et ont à cœur de respecter la nature.
San Pedro et, de façon plus générale, le lac, c'est aussi beaucoup de coutumes ! Comme celle du mariage, qui est ici majoritairement pratiqué sous une forme ni "légale" ni "religieuse", mais surtout en famille. Ainsi, pour se marier, un homme doit pouvoir à San Pedro manger 50 tortillas, tout en buvant un café brûlant et en avalant une assiette entière d'épices !!! Quant à la femme, on lui demande "simplement" de savoir faire des tortillas.
En parlant de mariage, c'est ici encore "à l'ancienne": pour schématiser on se marie puis on se met ensemble ! Il est impensable de vivre en couple sans être marié, et encore moins de vivre sans avoir pour objectif de faire (beaucoup) d'enfants. Néanmoins avec le temps les mentalités changent un peu : si à l'époque des parents de Julio et Vila, les gens avaient généralement en moyenne une douzaine d'enfants (!!!!), la génération actuelle n'en a "que" quatre à six. À ce titre, notre famille fait figure d'exception avec seulement deux enfants (à la plus grande tristesse des grands-parents) ! Julio et Vila font même figure d'extra-terrestres car ils ne se sont mariés "qu'à" 26 ans.... De sacrées différences avec la France !!
Une autre différence majeure : ici, à cause de la religion principalement, il n'y a pratiquement aucune éducation sexuelle à l'école. Enseigner l'usage du préservatif est tout bonnement interdit. Ainsi, la contraception est encore un sujet tabou et nombre d'adolescentes tombent enceinte. Et il faut savoir qu'au Guatemala, dans ce cas de figure, le mariage est... obligatoire ! Sinon, le père va en prison !!!
On a pu apprendre des tonnes d'autres choses sur le pays, notamment en échangeant avec Julio. Comme la discrimination, le racisme envers les Maya. Comme également la corruption immense qui règne dans le pays, avec un taux d'imposition sur le revenu de 13% pour une absence totale de services publics : tout se paie ici, et envoyer son enfant étudier est un véritable défi.
Ici, l'éducation n'est pas obligatoire passé l'école primaire, et nombre de parents n'envoient pas leurs enfants au collège. D'autres parents en revanche font des sacrifices financiers pour payer une école privée à leurs enfants alors que l'instruction y est moins bonne que dans le public !! C'est avant tout pour "montrer" aux autres qu'on a de l'argent...
On a également pu constater notre chance d'avoir tout le confort moderne chez nous en France, rien que concernant l'eau courante : à San Pedro, il n'y a de l'eau dans les robinets que trois jours par semaine (le lundi, mercredi et vendredi) pour trois heures maximum le matin !! Trois matinées où Vila enchaîne les tâches ménagères comme la lessive ou le ménage...
Et pour le reste du temps, la famille vit sur des "réserves" d'eau fragiles, mais a tout de même à cœur d'offrir aux étudiants une salle de bain alimentée par un réservoir sur le toit.
Et pour le reste du temps, la famille vit sur des "réserves" d'eau fragiles, mais a tout de même à cœur d'offrir aux étudiants une salle de bain alimentée par un réservoir sur le toit.
On pourrait en dire encore plus sur San Pedro et le lac, mais nous y revenons très bientôt pour quelques jours 😊
Adresses et conseils(le cours du Quetzal (GTQ) fluctuant, nous préférons indiquer les prix en euro ou en dollars. Au moment de notre séjour, 10 Quetzales valaient environ 1,15€)
Nous vous invitons à lire l'article suivant pour nos autres adresses et conseils : Retour sur les rives du lac Atitlan.
Nous vous invitons à lire l'article suivant pour nos autres adresses et conseils : Retour sur les rives du lac Atitlan.
- Cours d'Espagnol :
- Vous l'avez compris, on ne peut que recommander la Community Spanish School. Au-delà des 15 USD par personne pour fournir une bourse aux enfants défavorisés du village, on a payé l'équivalent de 130€ par personne pour 11 jours de pension complète (hébergement et les 3 repas, à l'exception du dimanche où la mama se repose !) et à peine plus de 100€ par personne pour 28 heures de cours. C'est plus que correct !
- Restos/Bars :
- Très bon brunch bien copieux les weekends au restaurant "El Barrio", pour environ 5€/personne, dans un cadre sympa. Une adresse d'expat' un peu en dehors du coin "touristique" du village.
- Jakuu', autre adresse d'expat' (mais également en dehors du coin des touristes), proposent de très grosses assiettes à moins de 4€ (viandes, légumes, burgers généreux, ...). La bière est à à peine 1€ et le cocktail autour de 1.6€. On recommande !
- Transports :
- Plusieurs options existent pour rejoindre San Pedro depuis l'aéroport de Guatemala City. Comme on était un peu "pressés" car la famille nous attendait, on a pris un taxi. C'est de très loin le plus rapide, et ce n'est pas beaucoup plus cher pour deux personnes que d'enchaîner les bus. On est passé par un super chauffeur, Segio, dont le numéro tourne sur des groupes de voyageurs : autour de 55€ le trajet d'environ 3h jusqu'à Panajachel depuis l'aéroport, avec un départ autour de 6h45 du matin. (demandez-nous le numéro si vous êtes intéressés !)
- Pour info, les prix "normaux" sont de 25 GTQ (moins de 3€) pour une lancha entre Panachel et San Pedro, et de 20 QTG (autour de 2.5€) pour une lancha entre San Marcos et San Pedro.
- Pour quitter San Pedro et rejoindre Antigua, on a pris un "shuttle" pour touristes à 95 GTQ (un peu plus de 10€) par personne. 3h30 de trajet direct depuis San Pedro, le tarif moyen proposé par une des nombreuses agences de voyage du village étant de 100 GTQ.
1 commentaire(s)
Merci beaucoup pour ce retour d'expérience très intéressant.
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