Thaïlande / Partie 8 : Kanchanaburi et ses environs
janvier 11, 2022Après avoir prolongé le plaisir chez Baan Mama jusqu'au déjeuner, Pan, le mahout de Tami, nous dépose devant notre hôtel situé dans la rue des bars et restos de Kanchanaburi.
La ville, de 25 000 habitants, est surtout connue pour son histoire étroitement liée à la seconde guerre mondiale, et c'est un peu ce qui va rythmer notre séjour ici.
Après avoir déposé nos sacs à dos, on file traverser cette petite ville (bien qu'assez étendue !) qui est surtout fréquentée par des touristes thaïlandais. De nombreux habitants de Bangkok (située à 2-3 heures de là) ont ici une résidence secondaire où ils aiment passer leurs week-ends ou leurs vacances, dans le cadre paisible de la campagne et de la rivière Kwai.
On passe redonner un coup de neuf aux lunettes de Maëlle, qui se sont mangées un régime de bananes chez les éléphants, avant de récupérer les horaires d'un bus pour le lendemain à la gare routière.
Comme il fait très chaud en ce début d'après-midi et qu'on est un peu fatigués, on file prendre un peu de climatisation au sympathique Death Railway Museum Center. L'occasion d'apprendre beaucoup de choses sur cette partie de l'histoire qui n'est pas enseignée chez nous !
On découvre l'étendue de la seconde guerre mondiale côté pacifique, avec l'incroyable expansion de l'empire impérial japonais en Asie du Sud Est. Celui-ci a entrepris de relier la Thaïlande et la Birmanie, qu'il contrôlait, par la terre, les liaisons maritimes l'exposant trop aux flottes ennemies.
Pour se faire, après quelques mois d'études, une ligne de chemin de fer de 415km a été construite pour relier Bangkok à Rangoon. Un incroyable chantier mené dans des conditions dantesques, dans une jungle luxuriante, sous une chaleur de plomb, une très forte humidité et pluviométrie, dans des régions montagneuses. Pour construire cette ligne de chemin de fer, l'armée japonaise a fait appel à plusieurs dizaines de milliers de prisonniers de guerre, et a également mobilisé de force des centaines de milliers de locaux, au prix d'un terrible bilan humain. Quelques chiffres sur cette horreur :
- 30 000 prisonniers de guerre britanniques, 7 000 morts sur le chantier ;
- 18 000 prisonniers de guerre néerlandais, 2 800 morts ;
- 13 000 prisonniers de guerre australiens, 2 800 morts ;
- 700 prisonniers de guerre américains, 130 morts ;- Près de 300 000 asiatiques (indonésiens, malaisiens, birmans, chinois, thaïlandais, ...) dont la moitié aurait perdu la vie !!
La ville de Kanchanaburi s'est retrouvée au cœur même de ce chantier, de part sa position géographique. Le mythique pont de la rivière Kwai s'y situe, et le terrible Hellfire Pass, où tant d'hommes ont perdu la vie lors du chantier, n'est pas loin. Ces deux sites furent l'objet de visites pendant notre séjour, mais ça c'est pour un peu plus bas 😉
Après la visite de ce musée fort intéressant (où on apprend aussi que le régime de Vichy a en quelque sorte aidé le Japon en le laissant installer des bases en Indochine), on a pu déambuler dans le cimetière des alliés situé en contrebas, entre les tombes des prisonniers australiens ou encore néerlandais.
Le cimetière chinois est également juste à côté et tranche par son architecture radicalement différente. Ce que l'on aime bien dans ce type de cimetière, c'est que tous les défunts ont droit à une même dernière demeure, peu importe leur richesse ou celle de leur famille : toutes les tombes sont identiques (ce qui tranche avec les cimetières de chez nous !).
On termine la journée par un petit verre en bord de rivière avant de visiter l'impressionnant night market de la ville, à côté de la gare. Le lieu, ouvert tous les soirs, est immense. L'occasion pour Thomas de se racheter des chaussettes (compliqué d'en trouver en Asie tellement les hommes sont petits ici 😂 !). Énormément de stands de nourriture sont présents mais malheureusement il n'y a pas de quoi s'asseoir pour manger... Ce marché est fréquenté par des locaux qui viennent faire le plein avant de filer manger chez eux !
C'est un peu frustrés qu'on reprend la direction de l'hôtel avant de tomber par hasard sur un sympathique resto local, au style vintage, pour terminer cette première journée à Kanchanaburi. On ne comprend rien à la carte qui n'est écrite qu'en Thai, alors on se contente de commander du poulet et du riz !
Direction les chutes d'Erawan pour notre deuxième journée à Kanchanaburi ! Elles sont situées à environ 80km par la route, et sont la principale attraction touristique de la ville.
Pour y aller, on prend la solution la plus économique à savoir le bus local, qui se trouve être un "chicken bus". Un style de bus que l'on retrouvera bientôt au Guatemala, et qui s'appelle ainsi car il peut transporter à la fois des humains comme des cargaisons de poules ! 😁
Il y a tellement peu de touristes étrangers en ce moment, que l'agent de la "Tourist police" ne résiste pas à l'envie de prendre un selfie avec nous à la gare routière.
Après à peu près 1h45 de transport dans ces sympathiques bus qui circulent les portes ouvertes (et ça fait du bien avec les températures locales !), on arrive sur place. Le parc consiste en un sentier d'environ 5km aller/retour suivant un cours d'eau constitué de nombreuses chutes d'eau. Il en est dénombré sept officiellement, même si on ne comprend pas toujours pourquoi certains endroits sont comptabilisés comme étant des chutes d'eau, et d'autres non 😁
Le décor est sympa entre la couleur de l'eau et la forêt luxuriante.
Ce pays continue à nous faire rire (ou pleurer ?) passé les cinq premières chutes, quand un panneau annonce qu'il faut être sportif et motivé pour attendre les deux dernières ! C'est en réalité ultrasimple, et on est accueillis par un panneau "You are the conqueror" après avoir atteint avec succès la dernière chute après même pas 3km de marche depuis le début du parc !!!
On se dépêche un peu de redescendre pour attraper le bus du retour de 14h. Mais une fois arrivés, on nous annonce qu'il est annulé car il y aurait eu un accident, et qu'il faut attendre 16h...
On se lance alors sur du stop, et après une trentaine de minutes un très sympathique couple de Bangkok, en vacances dans la région, nous prend. Comme le gentil monsieur roule à 130km/h au lieu de 90, on arrive finalement plus tôt que l'heure à laquelle notre bus aurait dû nous déposer ! Et en plus, ils nous déposent directement à notre hôtel et non à la gare routière située à 30 minutes de là 😎 Encore merci à eux !!!
On termine la journée par une bière sur la terrasse de notre hôtel et un délicieux burger acheté sur un petit stand dans la rue.
Une grasse mat' et un peu de boulot sur le blog sont au programme de la matinée du 7 janvier. On prend ensuite un petit brunch en bord de rivière, avant de filer voir l'autre attraction majeure de Kanchanaburi, le pont qui traverse la rivière Kwai, rendu célèbre en occident par le film adapté du romain de Pierre Boulle.
Arrivés sur place, on est étonné de la démesure entre ce pont, qui à nos yeux n'a rien d'incroyable, et tout le bordel qu'il y a autour : magasins pour touristes à la pelle, bars, restos, conducteurs de tuktuks et taxis... Un peu démesuré à notre goût ! Mais comme beaucoup d'endroits dans le pays.
Il y a un peu de monde mais, comme on est en Thaïlande et comme personne ne marche ici, il suffit de traverser la moitié du pont pour se retrouver seuls, les touristes locaux restant agglutinés du même côté par flemme de marcher quelques dizaines de mètres 😂
On profite d'être sur place pour enchaîner sur le "World War II And Jeath Museum" situé juste à côté. On nous avait prévenu que c'était un musée "bizarre", et effectivement c'est le cas, rien n'a de sens ici : après avoir débarqué dans une sorte de reproduction de grotte d'hommes préhistoriques, on croise des reproductions d'avion, de véhicules de guerre et de wagons de chemin de fer (avec des nouvelles informations sur l'histoire du chemin de fer qui sont à moitié effacées sur les murs), avant d'arriver dans des salles où sont présentées des collections de billets de banque (déchiquetés...) ou encore de la vaisselle... Bref, on n'a rien compris à ce lieu, heureusement ce n'était pas trop cher !
Après un petit repos à l'hôtel on retourne marcher un peu dans la ville, notamment du côté de la Heritage Walking Street, une rue composée de vieilles maisons préservées du 19ème siècle.
On enchaîne ensuite sur le petit parc bordant le temple Wat Thawon Wararam en bord de rivière, avant de retourner à notre hôtel manger de la bonne street food 🍲
On se couche tôt car le lendemain on se lève à l'aube ! L'objectif de cette dernière journée à Kanchanaburi est de rejoindre, on ne sait pas encore trop comment, le Hellfire Pass situé à environ 80km de là.
On prend d'abord un train empruntant la mythique voie de chemin de fer en direction de la frontière birmane. On a un peu froid à 6h du matin dans ce train circulant portes et fenêtres ouvertes alors que le soleil se lève.
On passe sur quelques sections impressionnantes au bord du précipice, et on mesure la difficulté qu'a été la construction de cette ligne par les prisonniers de guerres et asiatiques forcés de travailler sur ce chantier.
Après environ deux heures de beaux paysages, on débarque au terminus dans le village de Nam Tok (le reste de la ligne n'étant plus en état de faire circuler des trains). On traverse brièvement le village, entre campagne et chiens pas très accueillants, avant d'arriver le long de la route. Un bus est censé passer ici, on attend un peu... et bingo !!!
On monte dedans, et un gros quart d'heure plus tard, il est temps de demander au chauffeur de nous lâcher au bord de la route. On aura eu droit à un contrôle de la police de l'immigration sur la route, avec la proximité de la frontière birmane, mais à priori nos têtes d'occidentaux ne nécessitent pas le fait de nous demander nos papiers 😁
A nous ensuite la brève traversée d'une base militaire avant d'arriver sur le site du fameux Hellfire Pass ! On commence par un petit musée qui se trouve être une répétition générale de ce que l'on a déjà pu lire à Kanchanaburi, avant de se lancer dans le sentier.
Encore une fois les Thaïlandais et leur "haine" de la marche nous surprennent. Le sentier ne fait que 5km aller/retour, et est très simple (une ligne droite balisée et bien entretenue, très peu de dénivelé, un point d'eau et des WC à la moitié).
Cependant, plusieurs panneaux sont là pour décourager les visiteurs de s'y aventurer ! Il faut selon eux être en bonne santé, bien habillés, avec plein d'eau, etc. pour s'y aventurer. Et si on veut vraiment s'y risquer, alors on nous donne.... un talkie-walkie pour pouvoir être en contact avec la sécurité !!! On rigole bien en se rappelant notre trek dans l'Himalaya...
Bref, parlons un peu maintenant du Hellfire Pass. Il s'agit d'un des points le plus délicat sur le chantier du chemin de fer. Les prisonniers de guerre ont dû creuser à la main un cheminement à travers la roche, pour que le chemin de fer puisse y passer.
Le travail se faisait de jour comme de nuit tant la charge de travail était importante. La nuit, le lieu était éclairé à la lueur de torches, d'où le nom de "Hellfire Pass : "pass" pour l'objectif du chantier à savoir creuser un passage dans la roche, "hell" - enfer - pour la difficulté du chantier et les conditions de vie inhumaines sur place, et "fire" pour cette lumière la nuit au milieu des amas de roches qui a profondément marqué les rescapés, dont on peut entendre des témoignages dans le musée.
On se retrouve totalement seuls après les 200 premiers mètres (comme d'habitude en Thaïlande !), et on traverse sans difficulté ce sentier. On aura quand même eu droit à deux appels sur le talkie-walkie pour savoir si nous allions bien 😐
Place ensuite au retour ! On se place de l'autre côté de la route, à priori un véhicule doit passer toutes les heures... On essaie quand même de faire un peu de stop, sans succès, quand le bus arrive finalement après environ trente minutes d'attente. On lui demande de nous lâcher 2h plus tard au bord de la route à proximité de notre hôtel, pour gagner un peu de temps, avant de retourner prendre une petite bière et un dernier bon burger à notre hôtel, pour notre dernière soirée à Kanchanaburi !
Car le lendemain matin, on reprend le même train mais dans l'autre sens, direction Bangkok...
Adresses et conseils(le cours du Thai baht fluctuant, nous préférons indiquer les prix en euro ou en dollars. Au moment de notre séjour, 100 THB valaient environ 2,64€)
- Logements :
- On a séjourné quatre nuits à la Tamarind Guest House. Idéalement placée dans la rue des restos et des bars (dont les fameux "bars à hotesses" bien glauques où des occidentaux cinquantenaires viennent payer des gamines Thaï de 18 ans pour qu'elles passent la soirée avec eux...), à proximité de la gare et du night market, le long de la rivière Kwai. Chambre basique avec SDB privée, belle terrasse collective qui donne sur la rivière. On a payé entre 6€ et 9€ la nuit suivant les jours. En effet, on avait réservé une première nuit avec une belle offre sur Agoda, et par la suite le gérant a mystérieusement refusé de nous proposer un prix qui arrangeait tout le monde en direct, préférant nous faire payer directement par Agoda. Résultat on a payé moins que ce qu'il nous proposait, et il a touché encore moins puisque la plateforme se prend une marge ! Il ne faut pas chercher parfois...
- Restos/Bars :
- Le petit resto local au "style vintage" est situé ici. On y a mangé une bonne assiette de poulet/riz avec un coca pour 1.60€/personne.- Le soir, sur la Khwae River Road, outre les bars à hôtesses et autres restos attrapes touristes, on peut trouver plusieurs stands sympas de street food. On a testé notamment le "Kan Burger" qu'on conseille !! Meilleurs burgers mangés depuis le début du voyage, pour 99 bath (environ 2.60€), avec de très bonnes frites. On a aussi mangé quelques brochettes de poulets à 10 bath (environ 26 centimes d'euro) et des beignets au chocolat et à la fraise pour trois fois rien.- La SugarCane Guesthouse 1, située sur la Kwae River Road également, propose, outre des chambres un peu chères à notre goût, un petit resto sympa au bord de l'eau. On y a pris un petit "brunch" pour environ 2.5€ par personne.- Le night market, situé tous les soirs devant la gare, est impressionnant avec plein de stands ! En revanche pas vraiment de quoi s'asseoir 😥
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