Bolivie / Partie 2 : Le Sud Lipez

avril 19, 2022






Le Sud Lipez... une région prévue depuis plusieurs années ! Au sud-ouest de la Bolivie, aux portes du Chili et de l'Argentine, s'y mélangent des paysages tous plus incroyables les uns que les autres, entre déserts, lagunes, volcans enneigés, geysers, ou salars, le tout sur un plateau oscillant entre 4000 et 5000 mètres d'altitude 😍

Une fois n'est pas coutume, nous sommes partis explorer cette région dans le cadre d'un tour organisé. S'il est possible de louer son propre 4x4 et de s'y lancer seul, ce n'est pas franchement recommandé tant la région est inhospitalière, et les pannes de véhicules y sont fréquentes. On n'y gagne pas non plus forcément beaucoup niveau budget, et certains hôtels et restaurants sont restés fermés depuis le début de la pandémie... bref, tour organisé quasi obligatoire !

Pour s'y lancer, deux options s'offrent aux voyageurs : la plus classique est de partir depuis la ville d'Uyuni, pour faire une excursion en 3 jours. 120 agences (!!) se partagent le marché dans cette ville sans grand intérêt qu'est Uyuni.
Nous avons préféré nous rabattre sur la deuxième option, en partant pour quatre jours depuis Tupiza (où "seulement" 8 agences travaillent) : cette option permet de voir davantage de paysages, de ne pas faire un "aller/retour", ou encore de croiser moins de monde, surtout sur la première partie. C'était aussi un choix logique pour nous d'un point de vue géographique, venant d'Argentine 👍

Nous sommes partis avec l'agence "La Torre" (voir en fin d'article), mais ce qui importe, c'est surtout la "team" avec qui on partage ces quatre jours ! Et à ce titre, nous sommes très bien tombés puisque nous avons partagé notre véhicule et nos journées avec :

- notre guide bolivien, Cristobal, qui travaille depuis 15 ans dans le tourisme ;
- notre chère cuisinière Rose Marie ;
- et Marion et Margot, deux très sympathiques sœurs originaires de Lyon qui partagent trois semaines de voyages entre la Bolivie et le Pérou.

L'activité touristique est un peu difficile en ce moment avec la pandémie, même si cela repart à la hausse depuis quelques mois. Nous avons pu apprendre beaucoup lors de nos échanges, avec Cristobal notamment, sur les conditions de vie difficiles en Bolivie. Son salaire en tant que chauffeur/guide n'est pas élevé, d'autant plus qu'il n'est pas propriétaire de son véhicule et doit ainsi partager ses gains, mais comme il le dit, ça reste plus facile que d'aller à la mine... Cela lui permet aussi de rencontrer du monde (dont beaucoup de Français !!), même si cela reste un travail fatiguant qui l'éloigne souvent de sa famille et notamment de ses enfants. C'est aussi beaucoup de responsabilités pour lui, notamment vis à vis du mal de l'altitude : le tour nous fait grimper à 5000 mètres d'altitude et certains voyageurs ne sont pas toujours réellement acclimatés (ce n'était pas notre cas, entre la région de Salta en Argentine et nos trois journées à Tupiza 😀).

On a pu aussi mesurer, encore, notre chance de vivre en Europe, en apprenant qu'il n'y avait pas de sécurité sociale pour les acteurs du tourisme, et encore moins de chômage partiel, par exemple... Cristobal a ainsi "profité" de la quarantaine pour développer son potager et son élevage de vaches et de chèvres, afin d'assurer à sa famille une alimentation correcte !




Jour 1  - De Tupiza (2850 mètres) à Quetena (4200 mètres)

Après avoir fait la connaissance de nos quatre camarades, la première journée a été la plus grosse en terme de route avec une dizaine d'heures à bord du 4x4 (très confortable heureusement !).
Après avoir quitté Tupiza à 7h30, nous avons rapidement changé de décors : paysages désertiques, quelques lagunes, anciens villages miniers abandonnés, montagnes au loin 😍
 




L'occasion aussi de faire connaissance avec nos premiers lamas et vigognes boliviens, mais aussi quelques autruches qui traversent la route sans trop faire attention !






Le déjeuner se fait dans un petit village minier, et nous logeons pour la nuit à Quetena, un petit village où le mercure descend à presque -10 degrés dans la nuit, à 4200 mètres d'altitude, brrrr 😨 
Les signes de vie sont quasi inexistants ici, même si le réseau téléphonique passe par moment. Le guide distribue en cette première journée quelques feuilles de coca et légumes à certains habitants, car presque rien ne pousse ici... L'activité principale des habitants oscille entre le tourisme et l'élevage des lamas (pour leur viande) et des vigognes (pour leur laine). 

Entre-temps, on perd une grosse heure sur la route car le véhicule d'une autre agence rend l'âme ! Les trois touristes sont éparpillés dans d'autres véhicules tandis que le guide et la cuisinière passent une partie de la nuit à bord, en attendant que du renfort arrive de Tupiza, à huit heures de route de là... 

Rose Marie nous cuisine des repas traditionnels boliviens, entre poulet, riz, légumes et soupes bien utiles pour nous réchauffer !!









Jour 2 - De Quetena (4200 mètres) à Huaylla Jayra (4300 mètres)

Après une nuit bien froide (même si nos sacs de couchages prêtés par l'agence aident bien !!), on reprend la route pour une nouvelle belle journée. Les lagunes se multiplient, et commencent à se vêtir de couleurs variées, grâce aux minerais qu'elles renferment (du soufre notamment). On fait connaissance avec les nombreux flamants roses qui peuplent la région, on continue de croiser de nombreux lamas et vigognes, et on croise un renard. Le renard est le seul prédateur de la zone avec les pumas, qui eux ne sortent que la nuit.











On croise en chemin quelques anciens villages abandonnés. Depuis la création du parc il y a 20 ans, l'activité minière est en effet interdite et des villages ont été littéralement vidés du jour au lendemain !

Après une petite baignade qui fait du bien (et qui permet de se laver un peu 😅) dans des eaux thermales à 35 degrés, on rejoint les geysers, situés un peu plus haut, à l'origine de ces sources d'eau chaude. Quelques entreprises sont installées ici pour pratiquer une activité de géothermie.

Notre guide nous rappelle à nouveau à quel point ce milieu peut être dangereux, nous racontant l'anecdote d'un touriste étant décédé il y a quelques années, après être tombé dans un geyser...






La journée se poursuit entre lagunes, déserts et volcans. On grimpe à 5000 mètres, le point culminant du tour, avant de descendre à notre deuxième logement.
Petite frayeur pour Cristobal, nous n'avons pas de chambre et tout est complet... En fait, le réseau ne passe plus depuis quelques jours et la réservation n'a pas bien été reçue !! Heureusement, une solution est trouvée et on peut s'endormir, après une partie de carte et un bon petit repas, à 4300 mètres d'altitude, avec toujours près de -10 degrés au thermomètre....






Jour 3 - De  Huaylla Jayra (4300 mètres) à Villa Candelaria (3760 mètres)

Déjà la troisième journée ! Celle qui va nous faire arriver enfin au mythique Salar d'Uyuni... Mais pour commencer, place à quelques étonnantes formations rocheuses perdues au milieu du sable. Elles proviennent d'immenses éruptions volcaniques ayant eu lieu il y a.... longtemps ! 





On croise nos dernières lagunes, toujours aussi belles, et on déjeune un picnic dans un sympathique canyon qui détonne un peu avec toute sa verdure ! Les lamas ne sont pas très loin à brouter l'herbe pendant que l'on avale notre porc 😊






Contrairement aux deux premières journées, nous sommes aujourd'hui seuls au monde ! Les quelques autres véhicules que l'on a pu croiser jusque là ont fait le choix d'un autre itinéraire. En effet, à cause de fortes précipitations, le salar est encore partiellement inondé en cette mi-avril, et les autres guides craignent de se retrouver bloqués, et ont ainsi préféré changer de route.
Fort heureusement, Cristobal est têtu (spoiler : et il a eu raison 😄) ! On peut ainsi profiter de ces paysages incroyables dans un calme absolu...

Plus la route défile, plus on se rapproche de la "civilisation". Le désert laisse place aux champs de quinoa (la seule production du coin, dans un but d'exportation !), avant d'arriver dans un village traversé par un chemin de fer. Ce chemin de fer relie les mines de la région au Chili, qui exploite les minerais.



 

On pose nos sacs en milieu d'après-midi dans un hôtel de sel, étonnant ! Tables, lits, murs, chaises, tout est salé ici ! Le sol aussi, on n'a l'impression de marcher dans de la neige 🏔. On est seuls au monde et on peut profiter d'une première douche (chaude pour Thomas, glacée pour Maelle 😆) qui fait du bien (enfin, surtout pour Thomas !).





On file ensuite découvrir, enfin, le mythique Salar d'Uyuni.

12 000 km², 120 mètres de profondeur, 2 fois la superficie de la Loire Atlantique (ou 120 fois celle de Paris, 1/3 de la Bretagne historique, la même superficie que l'Île de France...) : bref, cet ancien lac salé, d'origine volcanique, est immense !
Aujourd'hui, il est en partie exploité : d'un côté pour en extraire du Lithium via une entreprise chilienne (qui se doit d'employer exclusivement des Boliviens) mais aussi de l'Uranium ; d'un autre côté pour récupérer du sel. L'extraction de sel se limite à la consommation locale. En effet, les pays voisins (Chili et Argentine) possèdent eux mêmes des salars (bien que plus petits), et il y a également une volonté de ne pas dénaturer le site.

En dépit de ces exploitations qui emploient pas mal de monde dans la région, le salar continue de croître de quelques millimètres à centimètres par an, suivant la pluviométrie.

Les "travailleurs du salar" habitent dans quelques petits hameaux bien tristounets parsemés autour du salar. Les conditions sont rudes ici et la vie ne doit pas être bien passionnante, en dépit des paysages incroyables...

Pour ce premier passage dans le désert de sel, on se contente d'admirer le coucher du soleil en prenant un petit apéro. Il fait froid et il y a un vent de dingue, ce qui n'enlève néanmoins rien à la magie du moment 😍. L'occasion aussi de goûter à un alcool local qui, on l'imagine, est normalement destiné surtout aux adolescents 😆 (un goût de "schtroumpf haribo" qui titre à 5°).










Jour 4 - De Villa Candelaria (3760 mètres) à Uyuni (3700 mètres)

6 heures du matin tout le monde debout ! Pas le temps de traîner, le lever du soleil nous attend sur le Salar 😍.
Par chance, le vent a complètement disparu, ce qui nous permet d'apprécier la réverbération des montages et des nuages sur les parties inondées du désert.









On rejoint ensuite l'île Incahuasi. Le pari de Cristobal a payé, la route est dégagée (seulement quelques centimètres d'eau) et on peut venir profiter, seuls, de cette île anciennement peuplée par des Incas !
On y grimpe et on en fait le tour, cette île nous semble être un petit oasis au milieu du désert, avec sa végétation et ses nombreux cactus.






On avale notre dernier petit déjeuner (très gourmand !) dans ce cadre avant de nous enfoncer dans la zone "sèche" du salar.


 




L'occasion de nous prêter au fameux jeu des "photos perspectives", un bon moment bien marrant, même pour Thomas qui déteste les photos 😂


 







Le tour se termine par un petit stop au fameux "spot des drapeaux". On y retrouve bien évidemment notre fameux Gwen Ha Du, un drapeau guatémaltèque que l'on envoie à notre famille de San Pedro, mais pas de drapeau français à l'horizon 🇫🇷 !! 


 


On passe aussi à côté du "Dakar Point". La course automobile est passée trois fois dans la région il y a quelques années, dans le cadre d'éditions partagées entre la Bolivie, le Chili et l'Argentine. Les véhicules n'ont pu traversée le cœur du salar que lors de la première édition : trop de dégâts et de pollution, il a fallu dire stop 🛑 ! 

Après notre dernier déjeuner (encore très copieux !) dans un nouvel hôtel de sel, il est l'heure, un peu avant 14h, de dire au revoir à nos camarades, et d'embarquer dans un bus direction Potosi ! 

On ne traîne en effet pas à Uyuni, la ville ne nous semble pas passionnante et il n'y a rien à y faire d'après notre guide... 






Adresses et conseils

(le cours du Bolivian Boliviano (BOB)  fluctuant, nous préférons indiquer les prix en euro ou en dollars. Au moment de notre séjour, 10 BOB valaient environ 1,34€)


Excursion :

- Une petite dizaine d'agences part depuis Tupiza (comme expliqué en début d'article, on conseille fortement de ne pas partir d'Uyuni pour profiter au maximum de l'expérience !). Plus que l'agence, c'est surtout le guide et le groupe qui fait la différence... Nous sommes partis avec l'agence La Torre car nous avions eu de bons retours dessus. Leurs véhicules sont propres et en bon état, et ils prêtent des sacs de couchage ce qui est très important ! Le prix avant négociation est de 210 dollars par personne pour les quatre jours. Il faut prévoir un peu de cash pour payer quelques extras pendant le tour (entrée au parc à 150 BOB/pers, eaux thermales à 6 BOB/pers, île sur le salar à 30 BOB/pers, douche chaude quand cela existe pour quelques pièces,...) et penser à donner un petit pourboire au guide et à la cuisinière qui gagnent vraiment pas grand chose, hors pourboires... De notre côté, on a ajouté 10% du tarif du séjour en pourboires.
On conseille sans hésiter le guide Cristobal : très sérieux, appliqué, intéressant, connaît parfaitement la région, apporte des informations sur la culture bolivienne, parle un espagnol clair et facile à comprendre... Notre cuisinière Rose Marie était un peu plus en retrait car plus timide, mais elle est très sympathique et prépare des plats très généreux ! Enfin, on vous conseillerai bien de partir avec Marion et Margot en camarades d'excursion mais ce n'est pas possible 😂
Pour info, pas de soucis pour partir avec vos gros sacs qui resteront toute la journée sur le toit du véhicule. Prévoir pour la journée de quoi bien se couvrir, et lunettes de soleil indispensables au salar !!! 
Prévoir aussi d'être acclimaté un minimum à l'altitude avant de partir : quelques jours avant notre départ, un touriste français a terminé aux urgences à Sucre avec un œdème pulmonaire car il n'avait pas été sérieux à ce sujet, et l'avait caché à son guide... 

 

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