Pérou / Partie 1 : Titicaca côté péruvien
mai 10, 2022
Notre passage à la frontière de Kasani (à une dizaine de kilomètres de Copacabana) est très rapide. Après la Turquie, notre tout premier pays, le Pérou est la seule nation à ne rien nous demander si ce n’est notre passeport et nos trois doses de vaccin ! (et un formulaire que l’on a rempli en ligne, mais qui à priori n’est pas forcément nécessaire…). En quelques minutes, nous obtenons notre tampon de sortie de la Bolivie, nous changeons nos bolivianos contre des soles, et nous pénétrons sur le territoire péruvien après une vérification de notre saturation en oxygène et de notre fréquence cardiaque ! Tout juste le temps d’attraper un tuktuk pour nous avancer jusqu’au départ des collectivos pour Puno, que nous prenons place dans un véhicule. On arrive à notre destination un peu avant 15h, heure péruvienne. Car oui, nous avons reculé d’une heure en traversant la frontière, nous mettant désormais à sept heures de la France !
On décide de passer nos premières heures et notre première
nuit dans ce nouveau pays à Puno. Forte de 130 000 habitants, cette ville bordant le lac Titicaca
est peu réputée des voyageurs étrangers. On comprend pourquoi sur nos premières
centaines de mètres de marche pour rejoindre le centre-ville, c’est assez moche
et peu digne d’intérêt. Néanmoins, c’est finalement une bonne surprise, après
une bonne vingtaine de minutes de marche sur des boulevards peu inspirants, que
de découvrir un centre-ville piéton ! Une première pour nous depuis des
mois… Quelques sympathiques places se présentent avec de beaux bâtiments, et les
rues commerçantes sont assez animées. On compte facilement une dizaine de
stands de vaccination COVID en pleine rue, impressionnant ! Quand on pense
à tous les touristes qui demandent comment faire de faux certificats de
troisième dose pour visiter le pays sur les groupes de voyageurs, on se dit
qu’ils sont vraiment de mauvaise foi en prétendant ne pas avoir le temps ou la possibilité de se
faire piquer au Pérou…
On prend peur devant les quelques banques prises
d’assaut, on se dit qu’on retirera plus tard, et on file nous acheter des
cartes SIM. La boutique diffuse la demie finale retour de Ligue des Champions
pour le plus grand bonheur des employés et passants, et on découvre avec
étonnement comment fonctionne l’achat d’une carte SIM auprès du principal opérateur
du continent : l’employé prend notre argent, et file chercher un petit
kiosco dans la rue pour y recharger nos cartes avec du crédit… car à priori la
boutique officielle de l’opérateur ne sait pas réaliser ce genre
d’opération !
Après ce petit moment amusant, on file déposer nos sacs
dans notre sympathique hôtel avant de poursuivre notre déambulation dans ce
centre-ville très vivant. On trouve enfin un distributeur de billets sans
queue, on goutte quelques pâtisseries locales (très bonnes mais très
« collantes » !), un petit café (enfin… de l’eau chaude plutôt) pour
patienter, et dès 18h on file avaler de succulentes pizzas (rien mangé depuis
la veille, et pour nous il est encore l’heure bolivienne !). On termine
notre journée à mettre à jour le blog, en étant finalement assez content de
cette visite éclair de Puno 😊
Le lendemain, après un bon petit dej’ à l’hôtel, on prend la direction du lac pour récupérer un collectivo direction la péninsule de Llachon, où nous souhaitons trouver un peu plus d’authenticité, et compléter notre visite du lac Titicaca après celle de l’Isla del Sol bolivienne.
En préparant notre séjour au Pérou, nous avons brièvement
hésiter à visiter les très célèbres îles « Uros ». Il s’agit des
petites îles mobiles, faites de roseaux, où logent des habitants
« historiques » du lac suivant un mode de vie ancestral. Finalement,
après quelques recherches, nous avons compris que ces visites étaient devenues
un business très lucratif, et nous avons ainsi privilégié la découverte de deux
communautés différentes, loin du tourisme de masse.
Tout commence donc par la péninsule de Llachon, à une
heure et demie de route de Puno. Notre hôte Juana nous a indiqué qu’un
collectivo direct partait tous les joursà 11h. Nous décidons de nous rendre à
son point de départ pour 10h30, en traversant un quartier commerçant assez
animé, puisque ces véhicules partent dès qu’ils sont plein, et donc
potentiellement en avance. Et bien… pas de bol, puisqu’il ne partira finalement
qu’après 12h !! Il n’y a pas foule aujourd’hui pour se rendre sur la
péninsule… tant pis pour nous !
On débarque finalement chez Juana un peu avant 14h. Tout
juste le temps de poser nos sacs à dos dans notre sympathique chambre, de
constater que l’autre voyageur présente sur place est, bien entendu, une…
Française (Eloïse, en voyage depuis 7 mois déjà au Pérou !), place au déjeuner avec un peu de retard ! L’occasion
de faire connaissance de Juana, qui vit ici avec ses deux enfants, et a à cœur
de faire découvrir aux touristes sa communauté et ses terres. Nous partons
ainsi après manger marcher sur la péninsule, en prenant un peu de hauteur pour
apprécier la vue sur le lac.
La péninsule, peuplée d'environ 12 000 habitants, compte 16 communautés, notamment la "Ccollpa", celle de Juana.
On croise quelques fermiers avec leurs ânes, et on
profite de notre promenade pour récolter quelques feuilles de menthe, très
utiles pour soigner les maux de ventre en infusion d’après Juana. Cette
dernière s’inquiète de savoir si nous nous faisons bien à l’altitude (pour
rappel : 3800 mètres à Titicaca !), mais nous la rassurons en lui
expliquant notre périple bolivien.
Du sommet de la péninsule, on peut observer au loin Puno,
mais aussi de vastes étendues de roseaux. Juana nous explique que les îles Uros
se situent dans ces environs, bougeant au fil du temps. Quand on lui demande ce
qu’elle pense de leur exploitation touristique, elle n’y va pas par quatre
chemins, et nous réconforte grandement sur notre choix d’avoir fui cette
destination ! En trente ans, le nombre d’îles est passé de 7 à… 180, pour
le tourisme uniquement !! Les habitants historiques se sont pour beaucoup
sédentarisés, forcés par le gouvernement qui voulait assurer un recensement et
une éducation pérenne aux nouvelles générations. Aujourd’hui, il s’agit
purement et simplement d’un « disneyland » à destination des
touristes. Les constructions sont faites à la va-vite, ne respectant pas la
nature, les eaux usées des toilettes se déversant bien souvent directement dans
les eaux du lac, par exemple, entraînant des problèmes de pollution… ☹
On poursuit notre balade avec Eloïse, Juana et Ccollpa
(son petit chien plein d’énergie !) jusqu’au cœur du petit village de
Llachon, avant de rentrer par les bords du lac. Juana continue de nous expliquer
en chemin l’histoire et la culture de sa communauté. On apprend par exemple
qu’ils choisissent l’emplacement des récoltes suivant la couleur des
(nombreuses) grenouilles qu’ils croisent sur les bords du lac : une
grenouille jaune est synonyme de sécheresse à venir, une foncée de forte
pluviométrie ! Juana nous parle aussi de la « haine » que vouent
beaucoup de pays sud-américains au Chili, lequel a été en conflit avec ses
différents voisins dans de multiples guerres.
Nous apprenons aussi à Juana des anecdotes sur la
Bolivie, et notamment l’Isla del Sol, à propos de laquelle elle est très
curieuse. L’occasion de mesurer encore notre chance de pouvoir voyager en tant
qu’occidentaux, puisque Juana, qui habite depuis sa naissance au bord du lac,
n’a jamais eu l’occasion (et ne l’aura sans doute jamais) d’aller visiter le
côté bolivien.
On rentre ensuite aider à préparer le dîner pendant que
le soleil se couche dans un décor splendide. On termine notre journée en
partageant avec Juana et Eloïse, avant de filer nous coucher pendant que la
température chute lourdement (comme tous les soirs depuis un mois, c’est à dire
depuis que nous sommes à plus de 3000 mètres d’altitude quotidiennement !).
Notre deuxième journée chez Juana commence par un petit dej' incroyable : pancakes, petits pains locaux, bananes, omelette, fromage, confiture... Un régal ! L'occasion d'accueillir deux Françaises qui viennent passer deux nuits, Anaïs et Irène. Place ensuite à la récolte des patates, juste en haut de la maison. Près de deux heures de travail en papotant, et en en apprenant un peu plus sur la vie de Juana. Ses enfants sont à l'école à Puno et ne rentrent que le weekend, de même pour son époux qui travaille en ville. En y repensant, on remarque effectivement que nous n'avons vu pratiquement que des femmes sur la péninsule : elles travaillent la terre pendant que les hommes rapportent de l'argent de la ville.
Il faut ensuite passer au tri des patates. Le Pérou en compte plus de 1000 variétés... nous en avons récolté 5 ou 6 différentes, que l'on tri en profitant du soleil.
Après une petite pause, pendant laquelle arrivent deux nouveaux... Français ! (Marine et... Thomas !) et le déjeuner, on retourne travailler en ramassant cette fois des fèves !
La soirée démarre autour du feu sous un ciel très étoilé, avant de se finir par notre dernier dîner à Llachon.
Le lendemain, après un dernier petit déjeuner, et alors que les lieux sont investis par un nouveau couple de.... Français, nous disons aurevoir à Juana, et nous reprenons un collectivo direction la plage de Chifron à quelques kilomètres de là. Nous y embarquons sur une barque direction l'île d'Amantani, sur laquelle nous arrivons après une heure de traversée mouvementée 🤢.
Au programme, après avoir posé nos sacs dans la maison d'une famille de la communauté Incatiaca (l'île, peuplée de près de 4500 habitants, comptant dix communautés différentes), nous partons avec Éloïse, qui nous suit sur l'île, faire un petit tour sur ses hauteurs, pour grimper notamment aux monts Pachatata (terre père, à 4085m d'altitude) puis Pachamama (terre mère, 4120m).
De là haut, alors qu'on croise quelques sympathiques locaux toujours très accueillants et curieux de nous voir ici, le souffle manque à Maëlle mais la vue reste magnifique sur le lac, les rivages et les montagnes enneigées au loin autour de La Paz.
Après le déjeuner servi par notre famille, l'après-midi est placée sous le signe du repos, avec une petite marche le long du lac.
On passe le début de soirée à jouer aux cartes avec Melissa, la petite de la famille, qui du haut de ses dix ans n'hésite pas à tricher, avant de dîner de bonnes pâtes qui changent un peu de la nourriture traditionnelle locale !
La soirée se termine par le classique (et touristique !) essayage des vêtements traditionnels, avant de danser autour du feu sur des danses plus ou moins traditionnelles !! (Maelle précise qu'on y a tout de même entendu du Aya Nakamura!).
Le dimanche, notre dernier jour autour du lac Titicaca, est lui placé sous le signe du transport : bateau, collectivo puis bus pour arriver en début de soirée à Arequipa, notre prochaine étape 😊
(le cours du Sole Péruvien (SOL) fluctuant, nous préférons indiquer les prix en euro ou en dollars. Au moment de notre séjour, 10 SOL valaient environ 2,48€)
- A Puno, nous avons passé une nuit dans ce qui est l’un de nos meilleurs hôtels en Amérique Latine, au Utasa Inn. Situé en plein centre, pour 70 SOL (17.37€, un bon prix pour Puno) nous avons eu une chambre double hyper clean, avec SDB privée, eau chaude (avec super débit, pas si fréquent que ça en voyage !), et petit déj’ très correct. Bon Wi-Fi également. On recommande à fond !!
- A Llachon, nous avons passé nos journées et nuits chez Juana (WhatsApp : +51 962 323 630). Accueil au top, Juana est très sympa, partage beaucoup, parle un espagnol très simple. On recommande le séjour !! Chambre très propre avec SBD privée, eau chaude, Wi-Fi en journée. La nuit est à 40 SOL (9.99€) par personne, et chaque repas à 15 SOL (3.75€) par personne. Les petits dej' en particulier sont une tuerie !!
On recommande de réserver un peu en avance, elle est victime de son succès auprès des voyageurs français...
- A Amantani, nous sommes allés chez Vanessa (WhastApp : +51 914 464 381). Il faut compter 80 SOL (environ 20€) par personne pour la nuit et les trois repas. Confort rudimentaire (pas d'eau courante, ou d'internet). On trouve ça peut être un peu cher pour ce que c'est... Avec du recul, on conseillerait plutôt de passer deux nuits chez Juana à Llachon, et de venir visiter Amantani à la journée, entre les deux nuits !
- A Puno, on a mangé nos meilleures pizzas d’Amérique (jusque-là !) chez « Ekeko’s ». Formule intéressante avec deux grandes pizzas pour 40 SOL (10€).
- Pour rejoindre Llachon depuis Puno, on peut prendre un collectivo jusqu’à Capachica (le dernier étant autour de 15h30), puis un second direction Llachon. On peut aussi prendre un collectivo direct (il y en a à 7h, 9h, 11h, 13h et 15h). Le départ se fait vers le lac sur l’endroit indiqué sur Maps.Me. Environ 1h30 de trajet pour 8 SOL (1.99€) par personne. Attention, le collectivo part quand il est plein… on n’a pas eu de chance et on a attendu plus d'une heure !
- Pour rejoindre Amantani depuis Llachon, il faut prendre un collectivo jusqu'à Capachica (3 SOL) puis un tuktuk jusqu'à la plage de Chifron. Le chauffeur du collectivo peut aussi vous proposer de vous amener jusqu'à la plage (6 SOL par personne dans notre cas). Il faut ensuite prendre un bateau, ça nous a coûté 10 SOL (2.5€) par personne. Au total environ 1h30 de trajet entre Llachon et Amantani si tout s'enchaîne bien ! Privilégier un départ vers 8h du matin pour ne pas trop attendre au bateau, qui part quand il y a suffisamment de monde à bord pour rentabiliser le carburant.
- Pour retourner sur Puno depuis Amantani, il faut prendre le bateau (le dernier étant vers 15h en semaine et 14h le week-end), puis remonter à Capachica en tuktuk. Enfin, prendre le collectivo jusqu'à Puno. Environ 1h30 à 2h de trajet et au total 18 SOL (4.5€) par personne.
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